Dans son édition d'hier, le journal Nouakchott Infos affirme que « la tendance salafiste jihadiste qui représente l'islamisme radical mauritanien a créé, en 2000, une organisation, le Groupe mauritanien pour le prêche et le jihad (GMPJ), ayant fourni des volontaires mauritaniens qui se sont battus en Afghanistan, en Bosnie et en Tchétchénie ». Citant des sources proches de l'enquête sur la mouvance islamiste, le journal indique, par la même occasion, qu'un autre groupe radical, « les Mourabitoune, créé en 1999, a fusionné en 2000 avec le GMPJ ». Ce journal met en avant des liens qui existeraient entre le GMPJ et le GSPC, conduit par l'émir Mokhtar Benmokhtar. Il insiste, surtout, sur le fait que « le GMPJ peut compter sur le soutien et la solidarité du GSPC, groupe ayant fait allégeance au réseau Al Qaîda d'Oussama Ben Laden ». Cette information vient complètement changer la donne sur l'implication ou non des islamistes dans la déstabilisation du pays. Après l'attaque de Lemgheity, le 4 juin dernier, le mouvement islamiste s'était empressé, 48 heures après, de condamner cet acte de violence. Dans les communiqués diffusés à la presse, ses leaders soutiennent : « Le différend avec le pouvoir ne peut en aucun cas faire changer la politique (du mouvement islamiste) basée sur la paix sociale, le respect de la personne et de la démocratie. » Les islamistes, comme cheikh Mohamed Hacen Ould Deddaw (imam), Mohamed Lemine Ould Hacen (imam) ou Mokhtar Ould Mohamed Moussa, ont même présenté leurs condoléances aux familles des militaires tués, à l'armée et au peuple mauritaniens. Le leader Jamil Ould Mansour, activement recherché par les autorités mauritaniennes, a lui aussi, sur la chaîne émiratie, affirmé : « L'heure est grave et les problèmes des islamistes ne représentent strictement rien quand le pays est agressé. » Actuellement, la cinquantaine d'islamistes, en détention provisoire à la maison d'arrêt de Nouakchott depuis avril dernier, sont poursuivis pour « formation et administration d'associations non autorisées ». Ils ont pu, mardi dernier et pour la première fois, recevoir la visite de leurs parents. Il faut rappeler que ce mouvement a commencé à prendre des positions radicales à l'égard du pouvoir de Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya suite à plusieurs événements, notamment avec la fermeture, dans la semaine qui a suivi la tentative du putsch du 8 juin 2003, de l'Institut saoudien des sciences islamiques de Nouakchott. Les autorités locales n'avaient alors fourni aucune explication ni aux Saoudiens ni à l'opinion mauritanienne. Mais c'est surtout après la visite, début mai dernier à Nouakchott, de Sylvan Shalom, ministre israélien des Affaires étrangères, que les islamistes se sont mis en confrontation verbale avec le pouvoir. (A suivre)