Le Maroc semble avoir opté définitivement pour la stratégie de la tension au Maghreb. Le Pouvoir marocain donne la nette impression de choisir la fuite en avant parce que incapable d'affronter avec sérénité les problèmes qui se posent à lui. Et dans ce cas, il tente toujours de faire diversion en cherchant à braquer son opinion sur « l'ennemi extérieur » et qui est encore une fois l'Algérie. Il faut dire que le régime est en plein désarroi. En effet, l'islamisme est en train de gagner du terrain. Ses craintes ont encore été alimentées par une déclaration de Nadia Yacine, la fille du cheikh Abderrahmane Yacine, leader du parti islamiste Al Adl oua Al Ihsan (justice et bienfaisance). Elle avait soutenu, il y a quelques semaines, que le système monarchique ne convenait pas au Maroc et que la république serait meilleure pour le pays. Ces propos ont ébranlé le trône et la presse s'était déchaînée contre elle. Il fallait vite refaire l'« union sacrée » autour du Roi. Le stratagème avait fonctionné jusqu'à ce jour et le bouc émissaire pour retrouver cette union a toujours été le même : l'Algérie. Quand elle avait des problèmes internes, la monarchie avait toujours mobilisé ses citoyens contre le voisin algérien, accusé d'être responsable de tous les maux du royaume. Un nouveau pas vient d'être franchi dans les provocations anti-algériennes. En effet, les services secrets marocains mobilisent depuis un certain temps les associations des Marocains à l'étranger, et qui ne sont que des officines de ces mêmes services, pour organiser des manifestations anti-algériennes. Cela a déjà eu lieu à Ottawa, Francfort, Paris et Madrid notamment. Les agents marocains ne cachent même pas le fait qu'ils sont les organisateurs de telles manifestations. Cette semaine, ils ont distribué dans la capitale espagnole un tract appelant à une marche contre l'ambassade d'Algérie. Cette marche devait avoir lieu hier et le départ était programmé devant le consulat du Maroc. Le texte demande « à tous les Marocains résidant à Madrid et dans les environs de participer à la manifestation qui sera organisée par des associations marocaines, et qui prendra le départ du consulat marocain à Madrid, pour arriver jusqu'en face de l'ambassade d'Algérie : Serrano C/.General Oraà 12, et ce, le dimanche 19 juin, à 12h, en signe de protestation contre les mauvais traitements subis par les détenus marocains dans les prisons algériennes et contre les interventions et les violations flagrantes pratiquées par le gouvernement de Bouteflika contre nos deux peuples marocain et algérien ». « Donc, soyons tous avant le rendez-vous devant le siège du consulat marocain », conclut l'appel. Heureusement que les Algériens font preuve d'une extraordinaire sagesse en ne répondant pas à de telles provocations. Il faut aussi reconnaître que la majorité des Marocains ne tombent pas dans les combines du Palais royal tant elles sont grossières et totalement dépourvues de bon sens et d'intelligence. De toute évidence, cela porte un coup dur aux relations algéro-marocaines, et ce n'est certainement pas l'Algérie qui est perdante. Les mesquineries marocaines n'étonnent plus. C'est Rabat qui avait demandé au chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, de visiter le Maroc et c'est lui qui a inventé un prétexte pour demander l'annulation du déplacement. « En trente-cinq ans de carrière, je n'ai jamais vu un comportement aussi ridicule », nous a déclaré un diplomate algérien. Les Marocains avaient évoqué le soutien algérien au Front Polisario pour expliquer leur décision, alors qu'ils savent très bien que l'Algérie a une position constante sur le sujet et qu'elle n'a pas changé d'un iota celle-ci depuis 1966. Un coup dur vient d'être porté également à l'Union du Maghreb arabe (UMA). Celle-ci se fera un jour ou l'autre, et l'Algérie en sera l'épine dorsale. Mais elle n'est pas pressée avec des partenaires fonctionnant avec de la mauvaise foi et qui ne savent penser qu'à l'avenir immédiat.