La sélection nationale ne sera pas parmi les seize meilleures africaines l'année prochaine, puisqu'elle vient de consommer son élimination de la coupe d'Afrique des nations même si les plus optimistes avancent que mathématiquement tout peut arriver. Des calculs d'épicier juste pour entretenir le rêve, car en réalité notre football n'a même pas besoin d'attendre le verdict des matches pour avouer haut et fort son impuissance et surtout sa régression. Une absence aux joutes africaines, c'est tout le mythe du football national qui s'effondre. Après avoir tant bien que mal colmaté les brèches qui sont apparues depuis fort longtemps dans la citadelle footballistique, les premiers responsables du ballon roi s'aperçoivent aujourd'hui que le mal est assez profond. La boucle est bouclée. L'équipe nationale de football, à moins d'un miracle donc, n'ira pas à la prochaine coupe d'Afrique des nations qui aura lieu en Egypte. Le miracle s'appelle victoire, et comme notre sélection ne sait plus conjuguer ses matches au verbe gagner, il faut donc se rendre à l'évidence que notre football, après deux décennies de présence, sera absent du prochain rendez-vous continental. Une régression qui fait mal certes, mais elle était inévitable dans la mesure où la discipline, depuis quelques années, est sortie de son cadre naturel, c'est-à-dire le sport, pour prendre les contours d'une entreprise commerciale privée, plus préoccupée par la comptabilité des mercatos que par les résultats et l'éthique sportifs. Si le phénomène n'est pas général, il n'en demeure pas moins qu'il reste une préoccupation majeure chez plusieurs dirigeants qui ont totalement galvaudé un football qui était destiné à un meilleur avenir. Mais force est de constater que les lois mises en place durant cette dernière décennie ont ouvert les portes à une génération de dirigeants sportifs qui a réussi l'échec de notre sport et par ricochet le football. Dès lors, une nouvelle mentalité, de nouveaux réflexes et un lexique tout à fait étrange ont pris place dans l'environnement direct de la discipline qui, du coup, perd ses repères, ses objectifs, voire son abécédaire. En une décennie de règne, car il faut rappeler que certains responsables de club ont tendance à durer à leur poste, le sport a connu une véritable saignée, à commencer par la dissolution des disciplines omnisports qui ont disparu sans que aucune réaction vienne mettre un frein à ce « massacre » sportif. Le football étant à leurs yeux le mieux rentable - d'où la préservation de cette seule discipline -, il s'est reconverti en un centre d'intérêts sordides où sont venus se greffer des éléments extrasportifs où l'action se déroule plus dans les vestiaires que sur une aire de jeu. Le constat peut paraître amer, sévère diront d'autres, mais il est des vérités que l'on ne peut cacher éternellement. Ce problème de gestion et de gestionnaires sportifs a été maintes fois posé, mais les plus belles promesses de renouveau se sont limitées à des slogans creux qui ont fini par lasser les plus ardents défenseurs de la balle ronde. Le football se jouait alors dans les coulisses, au grand dam des supporters qui ont toujours fait confiance à une discipline qui a su donner des moments de grande joie. Mais en d'autres lieux, on n'hésitera nullement à trahir cette confiance, voire cet amour pour la sélection nationale, en utilisant des phraséologies et des discours pompeux au détour de chaque rencontre. Il en est ainsi depuis fort longtemps et même pour ces éliminatoires combinées qui ont vu les Verts consommer leur élimination dès la première touche de balle face à l'Angola. Le message était clair mais jamais décodé par les premiers responsables qui continueront à jouer les pompiers dans une discipline où il est pourtant interdit de jouer avec le feu. Annaba, Alger et Oran, le grand bluff On s'est donc brûlé les doigts autour d'une discipline qui, même si elle connaît certains problèmes, il n'en demeure pas moins qu'elle reste gâtée par les autorités. Pour la cause du sport-roi, les tirelires sautent aisément, mais voilà, l'argent n'est pas injecté là où il faut. On parle volontiers de formation, mais on signe des chèques pour les transferts et les primes de signature. On parle d'infrastructures, mais ce sont les primes de matches qui deviennent prioritaires. Dans cette atmosphère, les termes de réformes, de refontes ou de refondation sonnent comme des mots vides. Personne n'y prête attention. Le cri de détresse du championnat national, en manque d'engouement, les messages urgents des formations jeunes n'émeuvent aucune autorité qui continue d'affectionner l'élite. Dès lors, au lieu de faire face aux véritables problèmes de l'équipe nationale, du football en général, les responsables sportifs ont tenté de noyer le poisson en mettant en avant les aspects subjectifs comme celui de la domiciliation, du soutien inconditionnel des supporters et tutti quanti. Ainsi, les stades de Annaba, d'Alger et d'Oran ont été sollicités depuis le début des éliminatoires et l'on dénicha « l'intelligente » idée de faire appel à la coqueluche de la région pour attirer les supporters. Une manière de faire tout à fait primaire qui a eu pour aboutissement une élimination des rendez-vous allemand et égyptien. Si les supporters ont prouvé leur attachement au maillot national, il n'en est pas de même pour bon nombre d'acteurs qui affectionnent la comptabilité financière au détriment des prouesses techniques. C'est vrai, la parenthèse mérite d'être ouverte. Plusieurs footballeurs, au niveau des clubs où celui de l'équipe nationale, devenus les enfants gâtés du sport national grâce à un système maladroit mis en place, multiplient leurs exigences matérielles, mais sans arriver à réussir « le minimum syndical » dans leur travail. La construction de notre football est compromise à la base et la voie du succès n'est pas celle empruntée par nos dirigeants actuels.