Le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua, est le premier déçu par la tournure des événements. La contre-performance (2-2) dimanche des Verts face au Zimbabwe élimine définitivement l'équipe nationale de la CAN 2006, après la Coupe du monde 2006. Joint hier, il a bien voulu s'exprimer sur le sujet du football et de l'équipe nationale. Vous avez facilement trouvé le sommeil dimanche soir après le match nul des Verts contre le Zimbabwe ? C'est un résultat qui va me rester en travers de la gorge pendant longtemps, parce qu'il a consommé nos ultimes chances de qualification à la CAN 2006. Bien sûr, je suis déçu pour les joueurs, le staff technique et tous les supporters de l'équipe nationale. J'ai cru jusqu'au dernier moment en cette sélection. Le sort en a décidé autrement. Il faut, je crois, savoir accepter le sort (sportif). On vous sent fatigué... Je vous le dis pas : c'est une déception difficile à digérer ! Je ne veux pas paraître comme un mauvais perdant, mais je trouve que notre équipe a beaucoup de circonstances atténuantes à faire valoir. Elle n'a pas été épargnée par les blessures et suspensions qui l'ont handicapée durant tout son parcours dans les éliminatoires. Quand ce n'étaient pas ces deux facteurs qui ont joué contre elle, c'était la malchance et l'absence de réussite qui lui ont tourné le dos, comme face à l'Angola à Annaba ou le Zimbabwe et le Nigeria chez eux. Le football est ainsi fait. Parfois, on gagne sans le mériter et on perd après avoir mieux joué que l'adversaire. Que retenez-vous de cette étape ? Les leçons à tirer sont nombreuses. D'abord, il y a le haut niveau et ses exigences. Etaient-elles toutes réunies pour nous permettre d'atteindre nos objectifs ? Je laisse le soin aux autres d'y répondre. Je crois, ensuite, qu'il est temps de doter le football de tous les moyens qui sont indispensables à son retour au premier plan. Enfin, il faut positiver. Au-delà de la déception somme toute logique, je retiens que nous avons gagné une équipe d'avenir avec de jeunes joueurs talentueux dont l'âge oscille entre vingt-deux ans ( Bouguerra, Belhadj, Ziani) et vingt-quatre ans (Antar Yahia, Beloufa, Madouni, Kraouche, Brahami, Arrache, Achiou, Benhamou) qui vont être les joueurs qui redoreront le blason de l'équipe nationale. J'ai foi en cette génération de footballeurs algériens qui ont besoin d'un peu plus de matches ensemble pour redonner le bonheur et le sourire aux supporters de l'équipe nationale. Quelles sont les conséquences de cette double élimination sur le football national ? Il ne faut pas se voiler la face, elles seront lourdes. Au plan sportif, nous serons absents de la prochaine CAN 2006 en Egypte, nous serons obligés de passer encore par le tour préliminaire de la CAN 2008, perdant le profit en matière de retombées publicitaires et de sponsoring qu'aurait drainé notre participation à la CAN 2006. Mais ce n'est pas la fin du monde. Il faut continuer à travailler en espérant que la situation va s'améliorer sur les plans où notre football accuse un grand déficit (installations sportives, centre de regroupement pour les sélections, centres de formation au niveau des clubs, formation, perfectionnement et recyclage de nos entraîneurs, amélioration des conditions de travail des footballeurs...). La double élimination de la CAN et de la Coupe du monde 2006 va-t-elle influer sur votre décision de rester ou de quitter vos fonctions ? Mon maintien ou mon départ de la fédération, ce n'est pas le plus important. A ce poste, personne n'est éternel et je le savais bien avant ma prise de fonction. J'aviserai en temps opportun. Une chose est sûre : je ne mettrai jamais en danger l'avenir de la fédération. Je suis trop respectueux des institutions et des hommes pour aller à l'encontre des intérêts du football algérien. Quand j'ai la conviction d'être sur la bonne voie, je vais jusqu'au bout. Alors souffrez un peu avant de connaître ma réponse à votre question. Avouez quand même que c'est rageant de rater les grands rendez-vous avec tant de régularité ? Que faire, sinon continuer à travailler jusqu'au jour où le football algérien retrouvera sa véritable place au sommet du football continental et arabe ! Le haut niveau a ses exigences. Nous le savons. Les moyens à mettre en œuvre pour concrétiser les grands objectifs sont identifiés. Cependant, il y a des facteurs exogènes, indépendants de la volonté de la fédération, qui viennent souvent parasiter notre travail. Les pouvoirs publics sont régulièrement informés de la situation du football et surtout des problèmes et difficultés qui entravent sa progression.