Un groupe de Français, composé de 48 personnes, a effectué, après plusieurs décennies de rupture avec leur ville natale, un pèlerinage à Cherchell en cette journée du 19 juin. Dès leur descente du luxueux bus qui les transportait, après quelques courts instants de silence et d'émotion, les hommes et les femmes venus des quatre coins de l'Hexagone n'ont pas pu retenir leurs larmes devant les Cherchellois qui les ont accueillis chaleureusement. Mme Danielle Ripole, qui a eu l'idée de retourner en Algérie en compagnie de cinq amis, a été surprise par l'augmentation du nombre de personnes qui voulaient se rendre en visite dans leur ville. « Je vous avoue que j'appréhendais énormément ce voyage, nous dit-elle, car avant de venir, j'avais reçu des coups de téléphone de personnes qui me disaient que des touristes français ont été assassinés à Cherchell et les profanations du cimetière sont quotidiennes. Excusez-moi, je suis incapable pour le moment d'exprimer mes sentiments. Je suis très émue, au bord de l'effondrement », conclut-elle. Un fils de la famille Di-Maillo estime que le microclimat de Cherchell est unique. « Je viens de vivre des moments de soulagement après avoir vécu le déchirement », déclare-t-il. Philippe, qui accompagnait son père Allouche Georges (80 ans), est surpris par la popularité de son père à Cherchell, qui s'exprimait non seulement en français, mais en arabe. Les retrouvailles étaient trop émouvantes, l'organisation était imparfaite, chaque femme et homme prenait sa direction pour rejoindre leurs quartiers respectifs, leurs écoles. Une visite dans quelques lieux a rafraîchi la mémoire pour ces Français, certains évoquaient les souvenirs d'antan. L'organisatrice du voyage était débordée. Le temps presse. Tous ces Cherchellois regrettent que leur ville ne dispose même pas d'une infrastructure hôtelière : « C'est ici que nous voulons séjourner et non pas ailleurs », crient-ils avec joie. Ils retourneront à Cherchell dans 48 heures pour se recueillir sur les tombes de leurs proches au cimetière. Ils doivent quitter la ville pour regagner Sidi Fredj, lieu où ils ont élu domicile. Une visite qui a suscité beaucoup de commentaires, car à l'unanimité les anciens Cherchellois voient déjà de bonnes perspectives qui se profilent à l'horizon. Le premier geste vient d'être accompli. Les liens d'amitié n'étaient pas rompus finalement. L'Algérie et son peuple, dans la réalité, ne sont pas les images que les médias veulent faire croire à ces Français, qui viennent de transformer leur rêve en réalité.