Le tribunal correctionnel de Sidi M'hamed rattaché à la cour d'Alger a condamné, hier, le caricaturiste Ali Dilem et l'ex-directeur de publication du journal Liberté, Farid Alilat (par défaut), à six mois de prison ferme et à 250 000 DA d'amende chacun pour « offense au chef de l'Etat ». La publication, quant à elle, a été condamnée à une amende de 1,5 million de dinars. La plainte a été déposée suite à la parution dans le journal de septembre 2003 d'une caricature qui parlait de la campagne pour l'élection présidentielle d'avril 2004. Le dessin de Dilem suggérait que le Président-candidat à l'époque n'aurait pas bénéficié du soutien de l'Armée. Comme c'est connu du commun des mortels que ce sont les généraux qui l'ont ramené et soutenu pour briguer son premier mandat, j'ai eu cette idée qui traverse l'esprit de beaucoup d'Algériens que l'Armée l'aurait lâché cette fois-ci », a-t-il expliqué devant la juge lors du procès qui s'est déroulé le 14 juin. Dilem n'en est pas à sa première condamnation pour le même délit. Car, déjà le jour même de ce procès, il a été condamné dans une autre affaire l'opposant au ministère de la Défense nationale à la même peine. Le même tribunal a également prononcé le verdict dans l'affaire opposant la journaliste d'El Watan, Salima Tlemçani, à la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Ainsi, la mise en cause a écopé de 2 mois de prison avec sursis et de 50 000 DA d'amende pour « diffamation ». L'article incriminé, intitulé « Spéculations foncières à Alger, des personnalités impliquées », date de novembre 2001. La journaliste avait cité, dans son écrit, quelques noms qui ont un lien avec cette affaire. Entre autres, Ahmed Tounsi. Pour le situer, elle a précisé qu'il est le frère de Ali Tounsi, patron de la police nationale. L'avocat de la partie civile a insisté, lors du procès qui a eu lieu le 21 juin, sur le fait que la précision faite par la journaliste a porté « un énorme préjudice à Ali Tounsi et à toute l'institution de la police qu'il représente ». Aussi, Mohamed Benchicou, directeur du défunt Le Matin, en prison depuis le 14 juin 2004, a été condamné, dans l'affaire de diffamation l'opposant à Mohamed Bedjaoui alors qu'il était président du Conseil constitutionnel, à une amende de 2000 DA. Il faut préciser que Mohamed Bedjaoui, actuellement ministre des Affaires étrangères, a retiré sa plainte et c'est le parquet qui a poursuivi l'affaire.