Il s'agit des pensions et allocations de retraite servies par la Caisse nationale de retraite (CNR) et les pensions d'invalidité et rentes d'accidents de travail. « L'arrêté portant revalorisation des pensions de retraite signé par le ministre, Tayeb Louh, prend effet à compter du 1er mai 2005 », est-il précisé dans le communiqué officiel. Les pensions liquidées antérieurement au 1er janvier 1992 connaîtront une augmentation de 8%, tandis que les pensions liquidées entre le 1er janvier 1992 et le 31 décembre 2003 connaîtront une augmentation de 4%. Selon Abdelmadjid Azzi, secrétaire général de la FNTR, cette augmentation profitera aux 900 000 retraités dont les dossiers ont été liquidés avant janvier 1992 et aux 700 000 retraités bénéficiaires de pensions liquidées entre 1992 et 2003. Ces nouvelles mesures ne sont pas pour déplaire aux retraités et aux candidats à la retraite d'autant plus que - comme la si bien dit M. Azzi dans son allocution d'ouverture du 4e congrès de la FNTR - « le système de protection sociale se dégrade comme se dégrade le pouvoir d'achat des salaires et des pensions dans le sillage d'une embellie financière sans précédent ». D'ailleurs, les congressistes de la FNTR ont applaudi à l'unanimité cette « bouffée d'oxygène ». Néanmoins, le satisfecit évident des retraités n'a pas pour autant fait oublier aux syndicalistes leur principale préoccupation : la modernisation du système de sécurité sociale. D'ailleurs, devant les congressistes retraités, M. Azzi a vivement critiqué la politique de l'Etat qui, selon lui, a fragilisé le système de sécurité sociale. « De son interventionnisme tous azimuts, il en a résulté l'instauration par l'Etat entre sa politique sociale et le fonctionnement de la sécurité sociale », a-t-il affirmé. « Cette confusion, a-t-il ajouté, a conduit petit à petit à des transformations de l'objet de la sécurité sociale, et ce, par l'effacement progressif de toute frontière entre la solidarité nationale, qui relève du champ de compétence de l'Etat, et la solidarité collective des travailleurs qui relève du champ de compétence de la sécurité sociale. » Plus loin, l'orateur a mis en garde l'Etat contre l'extrême précarité qui caractérise le système de sécurité sociale dans ses branches les plus névralgiques, notamment celle de la retraite. « Au regard de sa situation actuelle et si rien n'est entrepris dans le sens d'un sérieux redressement, la CNR est réellement exposée au risque de cessation de paiement avec toutes les conséquences qui en résulteraient pour les 1 600 000 pensionnés dénombrés en février 2005 », a-t-il averti. Pour étayer ses dires, le secrétaire général de la FNTR a rappelé que « la CNR a pâti des efforts pervers du programme d'ajustement structurel en accueillant des cohortes de compressés, versés dans les nouveaux régimes de retraite proportionnelle et de retraite sans condition d'âge, soit un total de 280 000 nouveaux retraités qui ont coûté, depuis 1997, plus de 141 milliards de dinars à la caisse que l'Etat, comme à l'accoutumée, ne compensera même pas en partie ». « Contrer les néolibéralistes » Pour M. Azzi, « ce qui est au centre des enjeux, ce ne sont pas seulement l'amélioration du pouvoir d'achat des retraités et le droit d'accéder à des conditions de vie décente (...) mais ce sont aussi la préservation et la pérennisation de notre système de protection sociale menacé dans ses fondements par une politique néolibérale, antiéconomique, antisociale, antidémocratique et dénuée de toute humanité ». La solution, pour l'orateur, pose l'impératif de rupture avec la ligne et la politique néolibérale. Ce n'est pas tout puisque M. Azzi a également fait le procès de l'UGTA. « Nous devrons comprendre une bonne fois pour toutes que la solution à nos problèmes n'est pas de se contenter d'opérer par de dérisoires ‘'grignotages'' ou se cantonner dans un travail de tâcherons qui attendent et exécutent les ordres venus d'en haut et qui ne peuvent faire preuve ni d'esprit ni de capacité d'initiative et de proposition », a-t-il martelé. « Pour relever les défis, a-t-il ajouté, les travailleurs et les retraités ont besoin d'une UGTA du troisième millénaire, indépendante, démocratique et de masse (...). C'est au 11e congrès national qu'échoit la responsabilité de ce projet qui devra déterminer les orientations, les axes et les objectifs de l'action future de l'organisation. » Pour terminer son discours, l'orateur a appelé les congressistes à investir le maximum d'efforts dans le prochain congrès tant, a-t-il estimé, « l'UGTA se trouve à la croisée des chemins en raison, notamment, d'un déficit de projet et d'une ligne novembriste rognée et dénaturée en pratiques par les pressions et les assauts répétés du néo-libéralisme ».