La visite de travail du président de la République, hier à Tlemcen, consistait en la pose de la première pierre de plusieurs projets de développement (nouveau pôle universitaire, 4000 logements) et l'inauguration d'autres : un lycée dans la localité de Aïn Youcef, une route à double voie (15 km) entre Hennaya et Remchi, ainsi que l'inspection du barrage de Sikkak. Mais, hier aussi, le chef de l'Etat était le président d'honneur du cinquantième anniversaire de l'Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) dont les travaux se déroulent à la maison de la culture Abdelkader Alloula. Dans son discours d'ouverture, M. Bouteflika a tenu à saluer Belaïd Abdeslem et tous ses compagnons lycéens et étudiants des années de la guerre de Libération (l'UGEMA a été créée le 4 juillet 1955) avant de rappeler, ému, les étapes qui ont marqué l'histoire de « ces jeunes Algériens qui ont abandonné leurs études pour s'investir sans calcul dans la révolution de libération » (le Président a même versé des larmes en citant le martyr Abdelhak Kouisser, un de ses compagnons d'armes, assassiné... le 19 mars 1962). Une évocation qui lui a permis de faire une comparaison entre l'état de l'enseignement dès l'indépendance et celui d'aujourd'hui : « En 1962, nous n'avions que 600 étudiants, en 2008, nous en aurons 2 000 000, remarquez les efforts consentis depuis. » Cependant, le Président ne s'empêchera pas de déplorer le fait que « tous ces efforts n'ont pas généré une culture créatrice, un génie créateur ». Parlant de réconciliation nationale, il dira : « Le projet vise aussi la transformation des mentalités. » Concernant la loi française « anoblissant » les crimes commis par l'armée coloniale en Algérie et le tollé qu'elle a soulevé dans notre pays, le chef de l'Etat a commenté : « Je comprends l'exaspération et la colère de nos citoyens, mais la société française a besoin de temps pour se libérer des contraintes de son passé. (...) Quant à nous, nous aspirons à la modernité sans occidentalisation et nous étonnerons le monde. » Dans la salle, Il y avait Réda Malek, Lakhdar Brahimi, Sid Ahmed Ghozali, Belaïd Abdeslem, Messaoud Aït Chaâlal, des personnalités de France, des USA, du Maroc, de Tunisie... L'auditoire attentionné applaudissait. Faisant allusion à la suppression des sciences islamiques dans l'enseignement, M. Bouteflika argumentera pour apporter tout son attachement à l'Islam et à la langue arabe. A la fin de son allocution, qui aura duré plus d'une heure, il décernera des médailles et des diplômes aux invités nationaux et étrangers qui ont contribué à la guerre de Libération.