Depuis plus d'un mois, de nombreux malades relevant de différents secteurs sanitaires se trouvent sans approvisionnement en médicaments antituberculeux. « Avoir notre traitement, c'est devenu un supplice, un vrai parcours de combattants » confient des malades rencontrés au CHU. Et d'ajouter « pour avoir nos médicaments, nous nous trouvons ballottés, nos ordonnances en main, d'un centre à l'autre pour finir au CHU, mais toujours en vain ». Des ruptures qui deviennent aussi fréquentes et épuisantes que certains malades optent pour l'arrêt catégorique de leur traitement. Et donc « choisissent, à contre grès et sans le savoir, l'aggravation fatale de la maladie qui ne se limite pas à son porteur mais qui risque de se propager dans son environnement proche si les mesures de prévention ne sont prises en considération » souligne un spécialiste. Des professionnels de la santé imputent ces ruptures à une mauvaise organisation et à la mauvaise gestion des stocks et des prévisions. D'autres soulèvent « un approvisionnement insuffisant par la PCH, la pharmacie centrale des hôpitaux, qui ne satisfait pas la totalité des commandes ». Graves défaillances Le CHU pour sa part, a subi une rupture de stock depuis une dizaine de jours mais, selon un spécialiste du service de pneumo-phtisiologie, ça vient, heureusement, de prendre fin avec un nouvel approvisionnement. Notre interlocuteur met l'accent sur les conséquences de telles défaillances en matière de prise en charge de la tuberculose. « L'arrêt ou l'interruption de la thérapie qui doit s'étaler sur une durée de 6 mois signifie la déclaration de cas de rechutes difficiles à traiter, l'apparition de nouveaux cas encore plus résistants et une propagation plus large de la maladie » note-t-il. Par ailleurs, il faut savoir que la particularité des médicaments antituberculeux, c'est qu'ils sont délivrés uniquement au niveau des structures de soins spécialisés de santé publique. Donc indisponibles ailleurs que dans le secteur public. Ce qui rend la tâche encore plus difficile pour le malade en pareils cas de rupture. Rappelons, que la tuberculose reste une maladie sous-déclarée qui note une progression fulgurante selon les statistiques rapportées par les services concernés. « A Oran, elle enregistre l'un des taux les plus important du pays » conclut le praticien. Depuis des années on entend parler d'un programme de lutte contre cette maladie de misère. Cependant le suivi sur le terrain et la mise en application des décisions et des recommandations prises en ce sens, font cruellement défaut. « Le manque de moyens de dépistage comme les laboratoires de microscopie directe, les unités de radiologie et la faiblesse d'un dispositif de prise en charge avec, notamment, les ruptures répétées des médicaments, restent les éternelles défaillances décriées depuis des années par les professionnels sur le terrain mais aussi par les malades qui subissent cet état de fait déplorable. Sachons que la majorité des malades relèvent des couches sociales défavorisées où la maladie prolifére dans de bonnes conditions.