Les chiffres font état d'une fulgurante progression au point où la maladie passe de 243 cas en 1999 à 1 606 en 2003 au niveau de la wilaya d'Oran. Le bilan de lutte antituberculeuse fait ressortir, quant à lui, pour les premiers mois de l'année en cours, près de 800 nouveaux cas. Ces chiffres qui ne peuvent être qu'un constat alarmant quant à la situation épidémiologique de cette pathologie au niveau de la wilaya, mais aussi à l'échelle du pays, sont qualifiés par les hauts responsables chargés de notre système de santé comme étant une nette amélioration dans la déclaration et le dépistage de la maladie et non une progression. Ce qui laisse entendre que tous les bilans donnés avant et toutes les déclarations rassurantes des responsables faisant état d'une amélioration dans la lutte antituberculeuse et d'une baisse significative dans sa propagation. Ceci étant dit, aujourd'hui on parle de sous-déclaration des cas de tuberculose. A titre d'exemple, les bilans de la période allant de l'année 1999 à 2001ont enregistré, successivement, 243, 318 et 262 cas de tuberculose. De 262 cas on passe à 1 078 pour l'année suivante, pour atteindre le pic de 1 606 en 2003. Il est vrai que les responsables en charge de la lutte antituberculeuse restent rassurants et rassurés car l'Algérie ne figure pas encore parmi les 22 pays les plus touchés dans le monde. Cependant, il faut dire que rien ne semble fait concrètement sur le terrain pour prévenir le risque d'un tel danger, sauf le guide national de lutte dont l'applicabilité sur terrain fait encore défaut. L'amélioration dans la déclaration de la tuberculose a-t-elle été suivie d'un dispositif rigoureux de lutte antituberculeuse ? L'absence de structures persiste Les spécialistes sur le terrain et les malades dénoncent toujours les mêmes problèmes, à savoir le manque accru des moyens de dépistage et de traitement, les ruptures dans l'approvisionnement en médicaments, le manque de laboratoires de microscopie directe, d'unités de radiologie, l'existence de préjugés qualifiant la maladie de honteuse ; tant de facteurs s'ajoutant à un cadre de vie de plus en plus précaire favorisant une évolution plus qu'inquiétante. Il importe de souligner que la grande majorité des malades relève des couches sociales défavorisées. Au niveau de la wilaya et vu la forte demande en matière de santé respiratoire touchant particulièrement deux principales maladies, la tuberculose et l'asthme, un réseau constitué de spécialistes a été mis en place au début de l'année 2003 pour assurer une meilleure lutte et prise en charge. L'information pour sensibiliser Viser une amélioration dans la captation des nouveaux cas par l'implantation de supports d'information était la première action menée par le réseau. « Le résultat était de constater une meilleure déclaration au niveau de la wilaya puisque, au niveau des cinq secteurs sanitaires de la wilaya, les nouveaux supports d'information ont été installés et pris en compte dans le dépistage de chaque nouveau cas », explique le Dr Snouber, pneumo-phtisiologue et SG du réseau. Une collaboration très étroite a été établie entre les différents services d'épidémiologie et de prévention et le réseau pour gérer au mieux la lutte antituberculeuse au niveau de la wilaya. Ceci dit, et pour lutter au mieux contre la tuberculose et ne pas se limiter à une amélioration dans la déclaration, il faut « traiter correctement nos malades, assurer une bonne observance du traitement qui n'est pas facile à suivre sur une durée de 6 mois consécutifs et ce, par un approvisionnement sans ruptures en médicaments et une meilleure connaissance et compréhension de la maladie de la part du malade et de son entourage familial et soignant », conclut notre interlocuteur.