Le Conseil national économique et social (CNES) a établi, lors de sa 26e session plénière, un rapport exhaustif consacré à la pratique sportive scolaire et universitaire. Un rapport pour le moins alarmant qui dénote, on ne peut mieux, la décadence constatée dans la pratique du sport dans les milieux scolaire et universitaire. L'étude - qui a regroupé plusieurs parties, dont les représentants du MJS, de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur, les directeurs techniques de la Fédération du sport scolaire et universitaire, les directeurs d'instituts de formation des cadres de sport et celui de Draria ainsi que les parents d'élèves - a fait ressortir que la pratique sportive scolaire et universitaire n'est pas érigée en activité déterminante dans l'éducation de nos enfants. Les chiffres élaborés par le CNES montrent qu'il y a un déficit énorme en matière d'enseignants et instituteurs d'EPS dans les différents niveaux ainsi qu'un manque d'infrastructures sportives. Au niveau primaire, par exemple, les 4 612 570 élèves (ce qui représente 58% de l'effectif global du système éducatif) sont sans encadrement réel en matière d'EPS du fait du manque de formation spécialisée des 169 530 instituteurs des 1er et 2e cycles chargés d'enseigner la matière. Au niveau du 3e cycle, le taux d'encadrement est également alarmant puisqu'il est de 1 enseignant d'EPS pour 435 élèves, ce qui est en deçà des besoins et des normes d'encadrement. Le rapport note un déficit de 45 000 à 70 000 cadres. Un déficit est également enregistré en matière d'infrastructures puisque, selon les statistiques réalisées en 2002, il est relevé une absence totale des infrastructures sportives sur les 10 907 écoles à travers le territoire national. Pour les établissements du moyen, ils sont tous dépourvus à plus de 70% de salles de sport et de salles omnisports. Les mêmes chiffres pour les établissements du secondaire. La classe estudiantine est aussi faiblement touchée par le sport. Les tentatives entreprises durant les années 1970 visant à l'intégration d'un module d'EPS à l'université sont restées vaines justement à cause de l'absence d'un encadrement permanent et d'infrastructures. La situation s'est aggravée, note le rapport, avec la promulgation de la loi de 1989 qui autorise légalement la dispense de l'élève au cours d'EPS. La Charte d'Alger de 1964 et les Chartes nationales de 1976 et 1986 soulignent pourtant que « l'organisation des activités sportives doit devenir une composante de l'action tant pour la formation de la jeunesse que pour l'entretien de la protection de la santé ». Mais après deux décades, la situation n'est pas reluisante, note le CNES. D'où la promulgation d'une nouvelle législation en 2004 relative à l'éducation physique qui énonce que l'éducation physique et le sport sont d'intérêt général ayant une place prépondérante dans le développement humain durable en tant que droit reconnu à tous les citoyens et un facteur important de cohésion sociale et nationale. Des données globales font remarquer un déficit total aussi bien sur le plan des pratiquants - qui représentent 1/20 habitants - que sur le plan budgétaire alloué au secteur de la jeunesse et des sports - passé de 2,29% du budget de l'Etat dans les années 190/70 à 0,70% actuellement - ou bien en matière d'infrastructures sportives et d'encadrement. Les chiffres montrent qu'il y a eu 5000 installations sportives réalisées depuis l'indépendance, alors que les besoins au niveau national s'élèvent à 23 179. Le CNES affirme que l'effort national en termes de scolarisation ne s'est pas accompagné des mesures nécessaires en matière d'enseignement d'EPS et d'infrastructures et qu'il y a urgence. La réhabilitation de la pratique sportive à l'école et à l'université nécessite, selon le rapport, une révision totale des mécanismes et modalités de fonctionnement actuels tant du point de vue des opérateurs et acteurs sportifs concernés que des institutions éducatives. Une réhabilitation qui ne saurait se matérialiser sans la réalisation en nombre suffisant d'infrastructures et son accompagnement d'équipements et de matériels sportifs nécessaires pour le développement du sport en général. Au plan de la valorisation des ressources humaines, le rapport établi soulève également un problème de fond : celui du transfert de la gestion des cadres du MJS aux secteurs de l'éducation-formation. Et cela a posé et pose encore le problème de l'ambivalence de leur statut ainsi que leur utilisation dans des activités hors champ de leurs compétences et une dévalorisation de leur mission.