Avec la multiplication de bandes de gardiens de parking improvisées, les citoyens ont l'impression que l'Etat est totalement absent en matière de sécurité des biens et des personnes à Annaba. Il ne l'est apparemment pas, lorsqu'il s'agit d'appliquer le principe de deux poids, deux mesures dans la démolition d'une construction illicite décidée par arrêté du wali. Ce principe a été démontré vendredi dernier par une élue au Parlement. Forte de son immunité parlementaire, de son influence et de son pouvoir, elle était aussi certaine que sa position lui permettait de se mettre au-dessus des lois. Bien qu'elle ne soit pas directement concernée par cette construction de la plage la Caroube, cette élue a interdit aux agents communaux de mettre à exécution l'arrêté de démolition. Elle est allée jusqu'à affirmer au vice-président chargé de l'opération que le « haut lieu » interdit la démolition. L'opération a tourné à la querelle de clichés. Les habitants des cabanons bidonvilles à proximité n'ont pas raté le spectacle. Ils ont eu tout le temps de noter que le comportement de cette élue confirme la survivance de l'esprit du terroir. Il n'y a pas eu que ce parlementaire qui renaude quant à respecter les lois de la République. Sous les balcons du wali, des délinquants ont accaparé le parking destiné aux fonctionnaires de la wilaya. Pour montrer leur mépris envers la loi et accaparer le lieu, ces délinquants ont peint la plaque de stationnement interdit placée quotidiennement sous les yeux d'un agent de police. A proximité du siège du Trésor, derrière la direction de l'éducation ou du côté de la BNA Cours de la Révolution, des bandes de truands ont organisé un racket. Ils étaient tous tatoués et avaient des armes blanches bien en vue sous la chemise. Ils menaçaient les automobilistes de payer sous peine d'être tailladés. Ces premières semaines de vacances scolaires ont été une occasion pour d'autres de leurs congénères de hanter les abords des plages. Balafre sur toute la longueur de la joue, signe caractéristique du repris de justice, ces malotrus n'hésitent pas à agresser les citoyens. Ils le font sans avoir peur du policier en faction quelques mètres à côté à Fellah Rachid et Rizzi Amor. Il y a ceux de Refes Zahouane et ceux de Aïn Achir. Ils agissent à proximité du barrage des gendarmes, apparemment obnubilés par les seules infractions au code de la route. Ces malfrats, armés d'épées ou de couteaux à cran d'arrêt dissimulés dans l'herbe, n'hésitent pas à tabasser quiconque s'impose à leur loi. « Pourquoi déposer plainte sachant qu'elle restera sans suite. Les citoyens ont l'impression que délinquants, repris de justice et autres c'est du pareil au même et qu'ils sont les seules victimes d'une organi sation qui ne dit pas son nom », indique Mohamed Tahar citoyen de Annaba. Ces faits et méfaits ne ressortent pas dans les statistiques de la police judiciaire qui font état de 1042 affaires traitées durant la semaine écoulée. 101 atteintes à l'intégrité physique des personnes ont abouti à la mise en examen de 68 d'entre eux. « Nous en avons interpellé une quinzaine en majorité des repris de justice. Malheureusement, saisi de leur dossier, le magistrat nous a ordonnés de les relâcher. Encouragés dans leurs pratiques, ils deviennent plus violents et plus exigeants vis-à-vis des paisibles citoyens », a argumenté un officier de policier parlant des délinquants, repris de justice et racketteurs des parkings improvisés. Sous le balcon du procureur général près la cour de justice de Annaba, un marchand de meubles occupe la moitié de la surface du parking. Les policiers quotidiennement en faction devant cette institution n'ont toujours pas remarqué cette infraction permanente à la loi.