Vendredi dernier, après une nuit bien arrosée, entre alcool et psychotropes, deux bandes rivales composées de 5 repris de justice et de délinquants ont occupé, tôt le matin et durant plusieurs heures, les services des urgences du Centre hospitalo-universitaire Ibn Rochd de Annaba. En l'absence d'une quelconque réaction des agents de police contraints de ne pas utiliser leur arme de service, les énergumènes ont pratiquement pris en otages des patients dans l'attente de soins, des praticiens et autres agents paramédicaux en poste. Selon de nombreux témoins oculaires, 4 des 5 individus paraissaient agir en terrain conquis et ne pas appréhender une quelconque intervention des policiers. Courses poursuites, appels au meurtre par égorgement, violation des locaux médicaux des urgences, agressions des praticiens, des agents paramédicaux et toute personne qui tenterait de s'opposer à leurs actes criminels ont duré jusqu'à l'arrivée des éléments de la brigade mobile de la police judiciaire. Ces derniers avaient été appelés en renfort par les agents en faction. Tant et si bien que des citoyens et malades présents ont cru vivre dans les faits une séquence de prise d'otages avec un décor d'où les représentants de l'Etat sont exclus. Les 4 énergumènes qui pourchassaient le 5e évacué au SAMU, à la suite d'un coup de couteau au visage, étaient pratiquement en furie. Des sources hospitalières crédibles affirment que les truands étaient déterminés à faire couler le sang, y compris celui des malades dans l'attente de soins et celui de ceux qui les accompagnaient. Les mêmes sources ont précisé que vendredi dernier, le CHU Ibn Rochd s'était transformé en une arène où sabres, épées et couteaux de boucher ont été utilisés. Les 2 bandes de truands avaient choisi le service des urgences Ibn Rochd pour régler leurs comptes. Une tentative de mainmise sur le racket, dans les parkings et aires de stationnement illicites, imposé aux automobilistes en serait le motif. « Je vous le dis, nous sommes découragés. 3 des 5 individus auteurs de cette incursion au CHU Ibn Rochd ont été interpellés et aussitôt présentés au procureur de la République. Les 2 autres en fuite sont activement recherchés. Sincèrement, mes collègues et moi sommes découragés. Nous effectuons notre mission avec abnégation, mais lorsque les personnes arrêtées, dont des truands transformés en gardiens de parking, se retrouvent libres après leur audition par les magistrats, il y a de quoi contraindre le citoyen à se poser des questions », a indiqué un officier de police qui a requis l'anonymat. Cette déclaration d'un membre des services de sécurité, homme de terrain, conforte l'impression générale de la population de la wilaya de Annaba que la justice est véritablement défaillante chez eux. « Tue-le, tue-le », cet autre appel au meurtre lancé à 2 h, dans la nuit du dimanche à lundi, a fait frémir les habitants de la cité Gassiot. Sous leurs yeux, 3 délinquants étaient descendus d'une voiture. Ils étaient armés de sabres et d'épées et en avaient après un jeune résident de la cité. Celui-ci n'a dû son salut qu'à l'intervention d'une policière. Alertée par les appels au secours de la victime, elle a contraint les 3 agresseurs à fuir en tirant un coup de feu de sommation avec son arme de service.