Juntos Venceramos (ensemble nous vaincrons) est-il écrit en espagnol sur une banderole géante, tenue par deux magnifiques jeunes Sahraouies. Voilà en somme un message qui exprime l'union du peuple sahraoui et que voudraient faire transmettre des centaines de Sahraouis rassemblés hier à Smara, camp de réfugiés sahraouis, à l'opinion internationale, particulièrement au régime chérifien. Une manifestation qui se veut surtout un démenti aux allégations de la presse marocaine faisant état de « manifestations » dans les wilayas des camps de réfugiés sahraouis (Aousserd et Smara), qualifiées par le gouvernement du Front Polisario de « mensonge grossier ». Mais également une véritable démonstration d'un peuple solidaire avec ses compatriotes des territoires occupés du Sahara-Occidental, sujet à la répression et à la torture féroces et dont certains sont emprisonnés dans les geôles marocaines. Venus de tous les camps en dépit d'une chaleur suffocante - le mercure a atteint 50° à l'ombre -, les manifestants, en majorité femmes en tenues traditionnelles sahraouies, drapeaux de la RASD à la main, debout devant le centre culturel de Smara, scandaient à tue-tête, dans une ambiance de fête, avec des chants révolutionnaires, « toute la partie ou le martyre ». Approchée, une femme, arborant un portrait d'un Sahraoui qui se trouve de l'autre côté du mur de la « honte », dans les villes occupées du Sahara-Occidental, dira : « Nous sommes des Sahraouis et nous mourrons pour le Sahara. Nous ne sommes ni marocains, ni algériens, ni mauritaniens. » Cette femme, comme tous les autres manifestants présents à ce rassemblement, exige la libération de tous les détenus politiques, particulièrement l'activiste sahraouie des droits humains, Aminetou Haider, arrêtée le 9 juin dernier à El Ayoun, et l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. « Nous demandons à l'ONU et aux organisations internationales d'intervenir pour rétablir la paix dans notre patrie », dira cette femme qui dénonce l'expulsion par les forces d'occupation marocaines des ONG internationales ayant voulu aller s'enquérir de la situation des droits de l'homme dans les villes occupées du Sahara-Occidental où se sont produites des manifestations antimarocaines depuis le 21 mai dernier. « Nous exigeons de la communauté internationale de nous permettre d'exercer notre droit à la liberté », a encore ajouté cette femme qui se dit solidaire de toutes les manifestations qui se sont produites dans les territoires occupés et même dans les villes marocaines. Tout comme Khatri Zine, un jeune étudiant en sciences politiques à Batna, qui se dit, lui aussi, solidaire des manifestations dans les territoires occupés et pour lequel l'objectif de la manifestation à laquelle il a pris part est de « démentir la propagande malveillante, grossière et mensongère » du Maroc. Ce jeune fait allusion, outre les manifestations annoncées par la MAP dans les camps de réfugiés sahraouis, aux quatre responsables militaires du Front Polisario donnés, samedi dernier, par la même agence, comme ayant désobéi à leur chef, le ministre de la Défense sahraoui, Ould El Bouhali. Pour le jeune Khatri Zine, la manifestation que ses compatriotes venaient d'organiser à Smara « est une preuve que le peuple sahraoui est uni jusqu'à l'indépendance ». Elle n'a que treize ans, Djamila Abu Cheikh a aussi bravé la chaleur de cet été pour marquer sa présence à cette manifestation pour, dit elle, « que notre terre nous revienne ». Tout comme Zeina Muhand Hocine qui demande, elle aussi, au Maroc de sortir de leur pays. « Nous ne sommes pas marocains, que le Maroc sorte de notre pays », s'est-elle écriée. Une ONG norvégienne expulsée La délégation norvégienne qui a bravé avant-hier l'état de siège pour entrer jusqu'à El Ayoun, capitale du Sahara-Occidental, pour s'enquérir de la situation des droits de l'homme dans cette ville, a été expulsée hier, après quelques heures d'interrogatoire par les forces d'occupation marocaines, selon des sources sûres sahraouies. Cette ONG était venue samedi dernier de Casablanca, conduite par le président de la fondation Rafto, Arne Lynngarde, accompagnée de représentants du Parti du travail norvégien ainsi que de deux membres du comité norvégien de soutien au Sahara-Occidental. Allal Latif, un activiste sahraoui qui leur a servi d'interprète au cours de leur déplacement, a été quant à lui arrêté.