Une délégation de Sahraouis venus des territoires occupés du Sahara occidental et du sud du Maroc s'est rendue, hier, dans les camps de réfugiés sahraouis. Composée majoritairement de jeunes, dont deux femmes âgées respectivement de 25 ans et 34 ans, la délégation des jeunes de l'Intifadha et de la continuité a animé une conférence de presse à Alger, au siège du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), quelques heures avant son départ pour Tindouf. D'emblée, le groupe a appelé les médias nationaux à transmettre sa lettre à la communauté internationale, particulièrement au Conseil de sécurité de l'ONU. En guise de message, les dix Sahraouis se sont levés et ont brandi le drapeau de la RASD, en scandant : “L'indépendance par la voie de la paix ou la lutte armée” et “Pas d'alternative à notre droit à l'autodétermination”. Ils ont confié, plus tard, que les Sahraouis se trouvant de l'autre côté du mur militaire marocain sont prêts à briser l'embargo, quel que soit le prix à payer. Ce qui signifie que d'autres Sahraouis sont décidés à sortir prochainement des territoires occupés du Sahara occidental, pas pour les fuir, mais pour se réapproprier la version originelle des mesures de confiance entre membres d'un même peuple, destinées au retour définitif au pays. Lors de la rencontre, on apprendra que les membres de la délégation sont, pour la plupart, originaires des villes occupées d'El-Ayoun, Smara et Dakhla. Selon eux, la population sahraouie envisage la présence de l'ONU dans les territoires colonisés comme une force aidant à enraciner la colonisation et conforter l'occupation illégale. “Les Sahraouis ont le sentiment que la communauté internationale est en train de les lâcher”, a déclaré l'un d'eux, en dénonçant le silence de l'ONU. De son côté, un étudiant sahraoui en relations internationales a tenu à clarifier les choses concernant leur présence en Algérie. “Le Maroc n'est pas dupe, il veut donner une image d'ouverture qui est fausse pour plaire notamment à l'Union européenne. Nous, nous usons de ces poches d'aération pour nos propres objectifs… La fin justifie les moyens. Mais le Maroc maintient l'embargo dans les territoires sahraouis occupés, tout en sachant que la sortie des Sahraouis de leur territoire est le résultat des pressions émanant de politiques, de juristes et d'ONG internationales des droits de l'homme”, a-t-il expliqué. À propos du dernier rapport du secrétaire général de l'ONU sur le Sahara occidental, la délégation n'a pas caché sa grande déception. D'aucuns y ont vu une volonté chez Ban Ki-moon de taire la réalité des Sahraouis et (de) piétiner leurs droits. D'autres ont carrément dénoncé ce rapport qui, selon eux, est en porte-à-faux avec les urgences du moment, y compris celle des grévistes sahraouis de la faim. “Les Sahraouis sont dans leurs droits, ils attendent plus du Front Polisario”, a insisté l'un d'eux, se demandant s'il valait la peine de “rester fidèles au droit international”.