Il est loin le temps où les diplômés se comptaient sur les doigts d'une main. Au recouvrement de l'indépendance à ce jour, combien de fournées de diplômés sont sorties des écoles, des lycées et des universités ? Les chiffres donnent le tournis ! Bacheliers, licenciés et ingénieurs se comptent par milliers. Malheureusement, très peu d'entre eux sont arrivés à décrocher un job, qui dans une administration, qui dans un atelier, qui dans une usine de banlieue. Ceux qui sont sur le pavé forment la majorité. Nous en avons rencontré un peu partout dans les grandes agglomérations telles que Aïn Beïda, Aïn Fakroun, Oum El Bouaghi, Meskiana, Sigus... Ils disent avoir honte de vivre aux crochets de leurs géniteurs, d'attendre d'eux l'argent de poche pour se payer un café ou s'acheter des cigarettes. Leurs rêves d'enfance se sont brisés contre le mur de l'amère réalité. « Nous, nous avoue un jeune chômeur, nous ressemblons à des épaves ballottées par les flots. Nous ignorons la fin du calvaire, à moins d'un miracle ! » Un autre jeune tout aussi blasé que le premier nous adresse cette boutade lourde de sens : « Si nous trouvons tous du travail, qui va s'occuper des murs ? » En d'autres termes, la population des hittistes, vocable cher à nos jeunes, ne cesse d'enfler d'année en année, et nos gouvernants, quoi qu'ils fassent, ne parviendront jamais à réduire le flot grandissant de chômeurs. Certes, les chiffres officiels font état d'un taux de chômage en régression, comparativement aux chiffres des années 1990, mais il n'en demeure pas moins que ceux qui occupent les rues dépassent et de loin les « occupés ». La wilaya d'Oum El Bouaghi, dans le cadre de la résorption du chômage, a créé 1000 postes pour les jeunes universitaires, dont 400 pour les techniciens supérieurs. N'oublions pas de rappeler que la wilaya d'Oum El Bouaghi, qui est constituée de 12 daïras, compte une population de 580 486 habitants, en 2003. Le taux de chômage atteint la barre des 25,62 %. Toutefois, comparé aux années précédentes, ce taux a connu une légère baisse. Nonobstant, tous les efforts en vue d'éradiquer ou du moins de réduire le spectre du chômage, la situation demeure inchangée, eu égard au nombre toujours en hausse des demandeurs d'emploi. Tous les mécanismes mis en branle par l'Etat ne sont pas arrivés à bout du phénomène. Le plus illustratif des cas est celui de l'Ansej qui a permis, grâce à son soutien, la création de microentreprises, dans différents secteurs d'activité, tels les services (cafés, restaurants, cybercafés, douches, tournage...), l'artisanat, l'agriculture et le transport. La CNAC a pris le relais pour encourager la création d'autres entreprises. Pour les jeunes, la route de la richesse se trouve ailleurs. Et le trabendo en est une forme qui attire beaucoup d'entre eux. Le commerce informel constitue un créneau porteur à plus d'un titre. Les jeunes le préfèrent aux créneaux « ordinaires », parce qu'il rapporte plus, sans rendre de comptes à personne. Bien sûr, les jeunes qui ont adopté ce secteur d'activité courent de grands risques, surtout lors du transport de la marchandise. Quand ils tombent sur un barrage, les produits sont immédiatement saisis par la gendarmerie ou la douane, sans parler de l'amende qu'ils sont obligés de verser. Qu'à cela ne tienne, nombre d'entre eux ont fait fortune, rien qu'en investissant le créneau des pâtes alimentaires et du concentré de tomates, importés frauduleusement de Tunisie. Quand il y a bénéfice, rien ne fait reculer les trabendistes. C'est un commerce qui colle à la peau comme lorsqu'on s'accoutume à une drogue. Et il n'y a pas de cure de désintoxication.