L'Organisation nationale des enfants de chouhada (ONEC) a saisi le 43e anniversaire de l'indépendance pour dénoncer, à son tour, la loi portant « reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés », adoptée par le Parlement français le 23 février 2005. Cette loi, contestée aussi bien en Algérie qu'en France, glorifie dans son article 4 « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ». Dans un communiqué rendu public hier, l'ONEC, présidée par Tayeb Haouari, également membre du comité exécutif du FLN, a qualifié de « haineux » ceux qui ont approuvé cette loi qui « évoque d'un ton honorifique les génocides commis contre (le) peuple et sur nos terres ainsi que la dilapidation et la spoliation des biens et richesses de notre pays ». « Il y a encore des témoins qui se souviennent de leurs actes criminels », souligne le communiqué. L'ONEC a appuyé le président Bouteflika dans sa position « révolutionnaire, historique et héroïque ». Le premier magistrat du pays a, en effet, dénoncé cette loi pour la première fois, le 29 juin 2005, dans un discours prononcé à Tlemcen, qualifiant ainsi la colonisation française d'« une entreprise de décivilisation », de « cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme » et encore de « l'un des plus grands crimes contre l'humanité ». Le Président ne s'est pas contenté de cette réaction. Il a ainsi déclaré le 2 juillet , à l'occasion d'un colloque international sur l'Armée de libération nationale (ALN) tenu à Alger, que « la colonisation française est loin d'être innocente ». Bien avant les sorties du président Bouteflika, le FLN, par la voix de son secrétaire général Abdelaziz Belkhadem le 2 juin 2005, a considéré cette loi comme un « texte qui consacre une vision rétrograde de l'histoire ». L'Alliance présidentielle a également dénoncé cette loi dans une déclaration commune rendue publique le 6 du même mois. Puis, l'Organisation nationale des moudjahidine, de son côté, a rejeté « dans l'ensemble et dans le détail » cette loi qui « glorifie les traîtres et les collaborateurs avec le colonisateur qui ont causé le massacre des Algériens » et « passe sous silence les crimes contre les Algériens durant les sept ans et demi de guerre ainsi que 132 ans d'occupation ». Des historiens se sont élevés contre surtout les articles 4 et 13 de cette loi, qualifiés de « scandaleux et contraires à la tradition laïque et à la liberté de pensée ». Une pétition a d'ailleurs été lancée en France pour exiger son amendement. Le Parlement algérien qui devait répondre par le biais d'une motion a remis aux calendes grecques son initiative, sans la moindre explication. L'Association France-Algérie, présidée par Bernard Stasi, s'est déclarée « indignée » par l'inauguration, à Marignane (sud de France), d'une stèle dédiée à la mémoire « des combattants pour que vive l'Algérie française », les anciens de l'OAS. Il s'agissait là d'une œuvre perpétrée par l'association Amicale pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l'Algérie française (ADIMAD). L'association Algérie-France trouve que « la réhabilitation de l'OAS est une injure pour tous ces pieds-noirs et Algériens qui ont lutté et souvent payé de leur vie leur attachement à l'amitié franco-algérienne et la défense d'une certaine image de la France ».