L'Office national des examens et concours (ONEC) a fait marche arrière cette année en annulant, sans l'annoncer, la publication sur Internet des résultats du baccalauréat 2005, prévue le 4 juillet. Une opération qu'il renouvelle chaque année, depuis 2000. Les candidats à cet examen qui se connectent sur www.onec-dz.org sont accueillis, depuis hier, par un message, dans un français approximatif, les informant qu'en raison d'un acte de hacking (piratage) les résultats ne sont pas disponibles sur le site. Le lecteur en jugera : « Nous sommes désolé pour les résultats du bac. Notre site a été piraté par un hacker nommé 'Arres' , c'est pour ça y'a plus de résultats cette année sur le Net », s'ils cliquent sur le lien « Résultats du baccalauréat ». Or, selon des sources proches de l'ONEC, la décision de ne pas recourir à la publication des résultats sur Internet a été prise le week-end dernier, après l'épisode des SMS de Mobilis et n'a rien à voir avec les « prouesses » du hacker batni, Arres. D'ailleurs, celui-ci n'a fait que changer la page d'accueil sans toucher à la base de données qui contient les résultats. Celui-ci, très connu dans le milieu des hackers algériens, a passé toute la semaine à jouer au chat et à la souris avec les techniciens qui maintenaient le site web de l'ONEC et, au passage, il a défiguré les sites de certains journaux, dont le quotidien El Khabar - il a fait subir le même sort au site web d'El Watan, il y a quelques mois. Un autre site consacré au monde des lycéens et des étudiants (www.bacfacdz.com) a lui aussi été victime de Arres. Le webmaster du portail Bacfacdz affirme être doublement victime : « En plus du hacking, les candidats à l'examen du baccalauréat m'ont inondé depuis quelques jours de messages désobligeants croyant que le portail est le site officiel de l'ONEC. Et ce même si j'ai pris le soin de mettre un lien clairement identifié sur le site officiel. Ceci démontre aussi que les 600 000 candidats étaient tous tournés vers l'internet pour avoir leurs résultats. » Même constat chez un gérant d'un cybercafé à Alger qui trouve « bizarre » le fait de mettre sur le dos de Arres la décision de ne pas publier les résultats sur le web. « Je vous rappelle qu'en France, pour la session 2005, les résultats de l'académie de Rouen ont été publiés avant la date prévue à cause d'un hacker qui a piraté le site. Ceci n'a pas poussé les autorités à stopper la publication sur Internet », affirme Toufik. De son côté, le hacker, contacté par téléphone sur un numéro qu'il a mis sur le site de l'ONEC, ne semble pas mesurer la portée de ses actes. « Avoir peur ? de quoi ? », a-t-il dit en mettant fin à la conversation ! C'est vrai, que mis à part le risque d'une « visite nocturne » des services de sécurité, Arres ne risque rien légalement, l'Algérie n'étant pas encore dotée de législation spécifique au piratage informatique. De leur côté, les candidats peuvent savoir s'ils ont eu leur passeport pour l'université ou non en se rendant à leur lycée, en attendant que leur relevé de notes leur parviennent... une démarche déjà expérimentée par leurs aînés ! Ils n'auront pas à se plaindre, car cela entre dans la logique de la dernière tendance algérienne pour les technologies de l'information où le discours encense les TIC mais la réalité les écrase : les call centers seront ponctionnés, les cybercafés doivent fermer à minuit et sont mis sur un pied d'égalité avec « les cabarets » dans le dernier décret publié le 5 juin... Peut-être que 2006 sera une autre année !