Il faudrait quelques jours pour l'enquête afin que tout soit clair », selon des sources sécuritaires britanniques, et pour que la dizaine d'agents du service de sécurité intérieur, MI5, arrive à définir l'identité des auteurs des explosions qui ont ciblé Londres jeudi dernier. « Les attentats portent tous les signes d'Al Qaîda (...), mais nous sommes au début d'une enquête très complexe et longue. Et à ce stade, on ne dispose de rien de plus précis, à ma connaissance », a déclaré, aux agences de presse, le chef de Scotland Yard, Ian Blair. Il a ajouté que ses services examinaient de près la revendication au nom d'Al Qaîda diffusée sur un site internet. Les attentats de Londres ont été revendiqués par un groupe jusque-là inconnu, l'Organisation secrète du djihad d'Al Qaîda en Europe. « Les vaillants combattants ont mené la louable conquête de Londres (...) en réponse aux massacres commis par les Britanniques en Irak et en Afghanistan », lit-on dans le texte de la revendication, dont l'authenticité n'est pas établie. « Nous ignorons si c'est vrai ou s'il s'agit de désinformation, mais nous en avons sérieusement pris note », a précisé Ian Blair. Le chef de la police a également indiqué à l'agence Reuters qu'il ne souhaitait pas spéculer sur le possible départ du pays des auteurs de ces attentats coordonnés, perpétrés à l'heure de pointe du matin. Pour sa part, le ministre britannique de l'Intérieur, Charles Clarke, a estimé, hier, qu'il était « fort possible » que les attentats de Londres aient été commis par une cellule du réseau terroriste Al Qaîda. « Je ne peux absolument pas dire que nous pensons qu'elles ont été commises par le groupe X ou le groupe Y », a-t-il nuancé. Le mode opératoire rappelle, selon la presse, les attentats du 11 mars 2004 dans les gares de Madrid, qui avaient fait 191 morts. Selon le New York Times, les trois bombes du métro londonien auraient été déclenchées par des détonateurs à retardement. Selon The Guardian, ces détonateurs auraient été joints à des explosifs déposés dans des mallettes laissées à bord des rames. Chacune des bombes qui ont explosé jeudi dans les transports publics londoniens contenait pourtant 5 kg d'explosifs, a précisé le chef de la section antiterroriste de Scotland Yard, Andy Hayman, aux agences de presse. L'explosion du bus soulève, quant à elle, plusieurs hypothèses. Il pourrait s'agir, selon des titres de la presse anglaise, d'un attentat-suicide. Deux témoignage sont avancés, celui d'un voyageur descendu juste avant l'explosion et celui indirect de deux survivantes. The Independent, The Sun, The Daily Mirror, The Daily Express et The Daily Mail rapportent, notamment, le témoignage de Richard Jones, 61 ans, expert en informatique. Alors qu'il voyageait dans le bus, qui a explosé à Tavistock Square, il a expliqué avoir vu un jeune homme, d'environ 1,80 m, qui lui a semblé nerveux et qui « se penchait sans arrêt sur son sac ». Il a précisé n'avoir pas vu clairement son visage et être alors descendu du bus. Quelques secondes plus tard, l'explosion arrachait littéralement le toit du véhicule, faisant au moins deux morts. The Guardian cite des témoignages évoquant un homme au comportement suspect fouillant dans son sac. Des journaux rapportent également le témoignage de Terence Mutasa, infirmier, qui déclare avoir soigné deux jeunes femmes présentes à bord du bus et ayant survécu à l'attentat : « Elles disaient qu'un type s'était assis et qu'il avait explosé. Elles pensaient qu'il s'agissait d'un kamikaze ». « Cette hypothèse (d'un attentat-suicide) est totalement non prouvée », a insisté Andy Hayman, le chef de la section antiterroriste de Scotland Yard. Selon les enquêteurs, l'explosion pourrait tout autant être le fait d'« une bombe laissée sur un fauteuil ou sur le plancher » et déclenchée à distance. Andy Hayman a précisé qu'aucun policier n'a encore atteint l'une des trois voitures du métro de Londres, où une bombe a explosé jeudi, entre King's Cross et Russell Square. « Quand je décris ce qui s'est passé à Russell Square, il faut bien savoir que nous n'avons pas encore atteint le wagon », a-t-il déclaré aux journalistes. Il est possible que le tunnel soit dangereux. Les enquêteurs vont devoir examiner plusieurs milliers d'heures d'images des 1800 caméras du métro londonien. L'objectif étant de tenter de retrouver la trace des auteurs d'attentats ainsi que le lieu où ont été posées les bombes. Il leur faudra aussi étudier les appels de téléphones portables effectués dans le secteur juste avant les explosions. Cette tâche pourrait se révéler difficile s'ils ne réussissent pas à déterminer où sont montés les suspects. Adlène Meddi, Agences