Le Maroc a été secoué dimanche par un attentat terroriste. Un kamikaze marocain a fait sauter, avant-hier dans un cybercafé de Casablanca, des explosifs qu'il dissimulait sous ses vêtements. Ceci alors qu'un deuxième kamikaze qui l'accompagnait a pris la fuite avant d'être arrêté par les services de sécurité. L'attentat, qui a fait trois blessés, s'est produit dans le quartier de Sidi Moumen, à Casablanca. Un quartier où a eu lieu — il y a seulement trois jours — l'arrestation de Saad Housaini, un des auteurs présumés des attentats terroristes de Casablanca de 2003 et soupçonné d'être un des membres influents du GICM. Un lieu également d'où sont originaires la plupart des kamikazes des attentats du 16 mai 2003 qui avaient fait 45 morts et des dizaines de blessés. Ce n'est pas pour la première fois que le Maroc soit la cible de kamikazes. En 1994 déjà, Marrakech a été secouée par un attentat également perpétré par des kamikazes d'origine franco-marocaine. Les kamikazes qui ont perpétré cet attentat avaient des liens avec un groupe marocain appelé Assirat al moustaqim (Le droit chemin). Cela dit, selon les premiers éléments de l'enquête de l'attentat de ce dimanche, qui n'a pas encore été revendiqué, deux individus de nationalité marocaine, qui portaient sur eux des charges explosives, voulaient consulter un site internet faisant l'apologie du terrorisme et recevoir des instructions. Mais ils ont été empêchés, selon la version officielle, par le fils du propriétaire du cybercafé de consulter ces sites. L'un des deux individus aurait ainsi, sous la colère, actionné la charge explosive qu'il portait sur lui. « Ils devaient en fait recevoir des instructions via un site internet », ont affirmé des sources sécuritaires reprises par l'APS. Les deux individus, selon la même source, comptaient recevoir des instructions de leurs dirigeants via internet pour faire exploser leurs bombes dans une autre partie de la ville. Le second individu, blessé, a été arrêté rapidement après s'être enfui du lieu de l'explosion. Il portait lui aussi une charge explosive, selon la police. Les services de sécurité marocains n'ont pas encore toutefois divulgué l'identité des deux individus. Mais selon les enquêteurs, toutes les pistes sont prises au sérieux, plus spécifiquement celle de la piste Al Qaïda. Le royaume du Maroc semble devenir l'une des cibles d'Al Qaïda. Depuis quelques semaines, le Maroc vit au rythme de la traque des individus soupçonnés d'intentions réelles de commettre des actes terroristes. Les services de sécurité marocains avaient sensiblement renforcé, depuis le début de l'année, les mesures de sécurité et de surveillance de sites sensibles de crainte d'attentats terroristes qu'organiserait Al Qaïda et qui restent, selon des responsables marocains, « potentiels » au Maroc. Une centaine de militants de l'association islamiste Al adl wal Ihsane ont été arrêtés à la mi-février dans différentes villes marocaines. C'est dans la région de Laroui, près de la ville de Nador, à l'est du Maroc, qu'ont été opérées les plus importantes arrestations. Dans cette région, les services de sécurité ont interpellé 70 militants de l'association que préside cheikh Abdeslam Yassine. Cette association est tolérée par les pouvoirs publics, mais, selon le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, elle serait proche d'une organisation terroriste. Selon la presse marocaine qui cite des responsables sécuritaires, les services de sécurité marocains « recherchent actuellement activement au moins 43 personnes qui appartiendraient à Al Qaïda ». « Le Maroc compterait quelque 100 cellules terroristes liées à Al Qaïda et susceptibles de mener des attentats suicide, constituant ainsi la pire menace terroriste pour l'Europe », avait déclaré le juge antiterroriste espagnol, Baltazar Garzon. Témoignant devant la commission parlementaire chargée d'enquêter sur les attentats du 11 mars à Madrid, le juge Garzon, citant des sources de la police et des services de renseignements, avait précisé que chaque cellule compte cinq à dix membres, « ce qui fait environ 900 ou 1000 personnes qui pourraient être recherchées par la police aujourd'hui au Maroc ». En 2005, un quotidien marocain déclarait détenir des informations sur la présence de 250 éléments d'Al Qaïda et des talibans afghans. Ce contingent, il faut le dire, constitue une menace sérieuse, non seulement pour la sécurité du royaume, mais pour celle de tous les pays du Maghreb, l'Algérie notamment. Les services du renseignement américains considèrent, pour leur part, la ville de Tétouan comme l'une des bases de recrutement de kamikazes marocains pour l'Irak. Notamment le quartier de la mosquée Mezouak, à la périphérie de la ville, dont étaient originaires les cinq Marocains soupçonnés d'avoir participé aux attentats du 11 mars 2004 à Madrid. On compte plusieurs jeunes Marocains qui ont participé à des attaques contre les forces américaines déployées en Irak. Le retour au Maroc de ces jeunes constituerait alors une menace que les autorités prennent très au sérieux. D'ailleurs, en 2006, plusieurs présumés groupes terroristes qui seraient proches d'Al Qaïda, selon les services de sécurité marocains, avaient été démantelés à Casablanca, Rabat, Meknès, Tanger et Tétouan. Le Maroc est-il un terrain propice aux kamikazes ?