Le sachet noir ne sera plus produit à partir du 10 juillet 2005 », a déclaré hier le ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement (MATE), Cherif Rahmani. Se mêlant à la foule, venue faire ses emplettes au marché Nelson de Bab El Oued, le ministre a usé, toutefois, d'un ton conciliant à l'adresse des commerçants de fruits et légumes qui utilisent encore le sachet tant décrié. « Nous avons opté pour le contact direct, pour la proximité, afin d'informer et sensibiliser quant à l'importance de cette opération », dit-il. Ceci tout en rappelant la date butoir consacrant la suppression totale de ce type d'emballage, c'est-à-dire le 31 décembre 2005. Un moratoire accordé pour épuiser les stocks existant aussi bien chez les grossistes que les commerçants de détail. D'ici là, des équipes combinées, formées de fonctionnaires de l'environnement et du commerce, investiront le terrain afin de veiller à la bonne marche de cette mesure. « Nos commerçants accueillent favorablement cette nouvelle réglementation, mais il faut noter que le dispositif dissuasif sera enclenché dès le 1er janvier 2006 », précise le ministre à la question de savoir comment « gérer » les récalcitrants. Et d'ajouter : « Nous avons impliqué les producteurs à se reconvertir dans la production d'un sachet qui ne soit pas nocif à la santé du consommateur. Ainsi menée en amont, l'opération se verra indubitablement couronner de succès sur le terrain. » Un protocole d'accord lie le MATE et les producteurs de sachets plastiques, depuis le 22 mars 2005. « Les délégués des producteurs de sachets plastiques expriment leur adhésion totale et sans réserve à la demande légale du ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement (...) et s'engagent à contribuer à la suppression définitive et progressive du sachet de couleur noire dans un délai qui ne saurait dépasser la fin de l'année 2005 », lit-on dans le document. Dans la foulée de cette visite « sans protocole », des sacs en plastique blancs, marqués d'un très rassurant « Sachet contact alimentaire » ont été gracieusement offerts aux citoyens et aux commerçants. La distribution a été assurée par un groupe de scouts sous l'œil bienveillant du président des SMA, Noureddine Ben Braham. Produit par l'ENPC Sétif (entreprise publique, ex-filiale de Sonatrach), le quota a été commandé par le département de Cherif Rahmani. Le représentant du gouvernement devait préciser que 5 millions de sacs, fabriqués par différents producteurs et « répondant relativement aux normes » sont actuellement sur le marché. Ceci tout en reconnaissant que la norme à laquelle aspire son département reste le sac biodégradable. « Nous faisons en sorte que ce type d'emballage soit disponible dès le début 2006 », promet-il. Avant de quitter les lieux, le ministre sera interpellé (en arabe) sur une question à laquelle il ne s'attendait peut-être pas. « Vous voulez supprimer le sachet noir, et la soutra dans tout cela ? » (Ndlr : soutra signifie dissimulation dans un souci de discrétion dans la mémoire collective.) Et de rétorquer avec un sourire en coin : « Je comprends. Mais la santé publique doit passer avant toute autre considération. »