Implantée en plein cœur de la Mitidja et distante d'une vingtaine de kilomètres à l'est de Blida, la commune de Chebli se débat dans d'inextricables problèmes financiers. Comparée à sa voisine Boufarik (6 km), laquelle vit relativement à l'aise grâce aux 12 milliards de centimes engrangés annuellement du marché de gros de fruits et légumes, la commune de Chebli est une commune pauvre. Elle est classée parmi les communes les plus déshéritées de la wilaya de Blida, à l'instar de Souhane, Oued Djer, Aïn Roman et Djebabra. On n'y trouve ni unité économique ni zone industrielle capable de résorber, le fort taux de chômage au sein de la population. Cette dernière, évaluée à une quinzaine de milliers d'habitants, vit essentiellement d'agriculture. A la faveur de l'abondante pluviosité enregistrée lors de la saison hivernale écoulée, l'agriculture a été ressuscitée. En outre, le niveau de la nappe phréatique a augmenté de plusieurs mètres. Les agriculteurs exploitent l'eau qui provient de Magtaâ Lazreg (dans les hauteurs de Hammam Melouane, au piémont de Chréa). Il y a lieu, toutefois, de signaler que depuis la construction d'une carrière aux abords de la rivière, le risque de pollution des eaux est on ne peut plus présent, eu égard aux produits chimiques et aux déchets toxiques qui sont jetés dans l'eau. « Il est urgent que les autorités, particulièrement celles qui s'occupent du volet agricole, se penchent sur cette épineuse question. Tout le monde parle de la nécessité de préserver l'environnement, mais sur le terrain, la réalité est tout autre », nous dira Djillali Bouguerra, représentant des agriculteurs de la région, non sans s'attarder sur les risques que cet état de fait pourrait porter comme préjudice aux récoltes. Notre interlocuteur insistera sur le fait que ce sont les agriculteurs eux-mêmes qui ont ramené l'eau (par leurs propres moyens financiers) à l'aide de canalisations longues de 24 km. Il y a lieu de relever que les agriculteurs de Chebli ont fait preuve d'un sens d'innovation en procédant à la construction de grandes fosses septiques de 5 m de profondeur (des recharges de nappe), au nombre de 4. « Au lieu de laisser l'eau partir en mer sans que personne en tire profit, nous estimons qu'il est plus judicieux de la faire venir ici », nous dira Hamza Chemchat (24 ans), un agriculteur fougueux et plein de volonté, ajoutant que de ce fait, 250 hectares ont pu être retravaillés. Comme résultat induit par ce procédé, la nappe souterraine a enregistré une remontée de 30 m sur un rayon de 20 km. Cela a d'ailleurs énormément plu à un ingénieur belge (un docteur en hydrogéologie) qui a récemment visité la région. « Votre expérience doit être généralisée à l'ensemble du territoire algérien », avait-il lancé à l'adresse des agriculteurs. Ces derniers demandent à l'Etat de les faire bénéficier de son soutien financier. « Si l'Etat nous aide, nous nous engageons à réaliser des résultats records dans les plus brefs délais. La volonté existe, mais malheureusement, elle ne suffit pas à elle seule », nous diront, en chœur, les agriculteurs rencontrés. Pour sa part, Rachid Ikhlef, P/APC de Chebli, estime que le coût global du projet (qui n'est qu'à 50% de son exécution) consistant à ramener de l'eau de Magtaâ Lazerg serait de 3 milliards de centimes. « Ce n'est rien si l'on sait qu'une fois achevé, le problème de l'eau potable ne se posera plus dans les communes de Bougara, Bouinan, Soumaâ et Chebli », conclura le premier magistrat de la ville.