Les violentes émeutes qui ont secoué dans la soirée de mercredi dernier la localité de Béchar Djedid (45 000 habitants), à cause des coupures fréquentes d'électricité dans la journée, ont surpris tant par l'ampleur des dégâts causés aux édifices publics et privés que par le nombre impressionnant des participants à ces émeutes. Dans cette banlieue traditionnellement calme, tout a commencé à partir de 22 h, quand les émeutiers au nombre incalculable sont sortis dans la rue, fatigués par le délestage prolongé, et ont mis à sac le commissariat de la sûreté urbaine, détruit par le feu une agence postale, saccagé partiellement un laboratoire d'analyses relevant de la direction du commerce, brûlé un autocar et deux véhicules légers et arraché des pylônes électriques et détruit des plaques de signalisation. Pendant plus de 5 heures, Béchar Djedid était interdit à l'accès. L'unique et principale artère menant à la localité a été coupée à la circulation par des blocs de pierres, objets disparates, pneus brûlés éparpillés sur la voie publique. L'intervention des services de sécurité, qui ont lancé sur les manifestants des bombes lacrymogènes pour les disperser, a rendu l'atmosphère encore plus irrespirable, car durant les nuits de juillet à Béchar la chaleur exceptionnelle atteint son paroxysme et les nerfs sont à bout. Jeudi, le lendemain de l'émeute, l'on apprendra que les affrontements ont fait plusieurs blessés parmi les émeutiers et cinq blessés du côté des policiers évacués à l'hôpital. Le nombre des arrestations opérées au cours des échauffourées s'élèvera à 57. Samedi, une délégation formée des associations locales et comités de quartier s'est rendue à la wilaya pour demander au wali (absent de la wilaya) son intervention pour la libération des 57 jeunes arrêtés qui, selon certains, n'ont pas tous participé à la révolte. Le P/APW et le SG assurant l'intérim du wali étaient en conclave pour examiner les voies et moyens pour arriver à calmer les esprits et à décrisper la situation tendue. La délégation, au terme des tractations, n'a pu obtenir la libération des jeunes détenus dans les locaux de la sûreté nationale. Ils seront déférés dans la même journée devant le tribunal qui a décidé, tard dans la soirée de samedi, l'incarcération provisoire des 57 jeunes, dont 9 mineurs. Apprenant la nouvelle, les manifestations ont repris avec moins de violence que dans la soirée de mercredi. Entre temps, des renforts des services de sécurité - CNS, gendarmes - sont arrivés des wilayas du Nord pour parer à toute éventualité. Les principales places publiques et édifices administratifs ont été encerclés. Le dimanche matin, les services de sécurité ont annoncé l'arrestation de 11 jeunes, dont un mineur, pour leur participation aux émeutes de la soirée de samedi. Ils seront jugés, apprend-on, aujourd'hui. L'opinion publique à, Béchar dans sa majorité, commentant ces douloureux événements, approuve les revendications des habitants de Béchar Djedid, mais désapprouve les destructions des biens de la collectivité. L'opinion locale demeure dans l'expectative. « Mais que voulez-vous que ces jeunes fassent, commente un citoyen, lorsque la colère atteint son point culminant face à la défaillance avérée des services publics ? En cette période de grandes chaleurs, il n'est plus possible de maîtriser ses nerfs et contrôler ses gestes. » A la wilaya, l'ordre du jour de la session ordinaire de l'APw, programmé samedi, a été dominé par ces événements où les interventions des élus APw ont mis l'accent sur la gravité de la situation et la nécessité d'ouvrir un dialogue avec la société civile pour la résolution des problèmes qui s'accumulent. L'appel de l'instance élue sera-t-il suivi d'acte concret. Le proche avenir nous le dira.