Plusieurs sujets économiques de l'heure ont fait l'objet, hier, d'une conférence-débat au centre de presse d'El Moudjahid, où des représentants d'organisations patronales et des experts se sont succédé pour dresser un état des lieux de l'économie nationale et sa capacité à faire face aux importantes échéances à venir. Les intervenants ont abordé, tour à tour, le projet de loi de finances complémentaire 2005, le pacte économique et social et les propositions des partenaires sociaux adressées au gouvernement. Le représentant de la Confédération des industriels et des patrons algériens (CIPA), M. Moula, a estimé qu'il est temps que le « gouvernement prenne des mesures courageuses » pour mettre fin au marasme dans lequel se complaît l'économie nationale. Selon lui, « il faut réhabiliter la place du secteur privé, qui a été longtemps marginalisé ». Les entreprises, qui ont été mises à mal par le terrorisme et la dévaluation de la monnaie nationale, le dinar, durant la décennie noire, doivent être aidées par les pouvoirs publics, a-t-il ajouté. Il a plaidé pour une convertibilité totale du dinar, car, selon lui, « il y a des réformes à faire pour arriver à une véritable économie de marché ». Le vice-président du Conseil national économique et social (CNES), M. Mekideche, pour sa part, a mis en exergue la situation paradoxale qui veut que les réserves de changes aient atteint un niveau appréciable de plus de 40 milliards de dollars au moment où il existe un marché parallèle de change. Evoquant le volet des investissements, il a indiqué que des initiatives sont bloquées, car les ressources ne sont pas mobilisées « pour une dynamique d'investissement plus forte ». Il est également revenu sur une contrainte qui revient souvent dans les doléances des opérateurs économiques, à savoir la question du foncier industriel. Le marché foncier ne doit plus être sous l'emprise des spéculateurs et le gouvernement doit mettre à la disposition des investisseurs des assiettes foncières, a-t-il dit à ce propos, tout en rappelant, au passage, que les autorités se sont engagées à faire rentabiliser dans ce sens l'excédent en foncier des entreprises issues du secteur public. Sur un autre registre, il a fait savoir qu'il ne partageait pas la revendication de certains opérateurs économiques ayant trait à la réévaluation du dinar. « Nous avons déjà 18 milliards de dollars d'importations. Si nous procédons à la réévaluation du dinar, le situation va se compliquer davantage », a-t-il argumenté. M. Serraï, expert en économie, a relevé, de son côté, que le secteur privé continue à être défavorisé par rapport au secteur public, même si un certain équilibre entre les deux est en train de s'installer depuis l'exercice 2002. « En 1997, seulement un sixième des crédits alloués par les banques a bénéficié au secteur privé alors que les résultats de ce dernier sont meilleurs », a-t-il souligné. Pour lui, il est urgent de profiter de la manne financière engrangée par le secteur pétrolier pour relancer l'activité économique, « car, dans quelques années, il sera trop tard », a-t-il averti. Il a déploré que les dépenses à la consommation soient beaucoup plus importantes en termes de volume que celles consacrées aux équipements pour l'investissement. « Il y a beaucoup plus de crédits à court terme pour consommer que de crédits à long terme pour l'investissement créateur d'emploi », a-t-il fait savoir.