La brigade spéciale de lutte contre le trafic illicite des biens culturels et des œuvres d'art de la direction de la Police judiciaire (PJ) a arrêté, lundi dernier à Khenchela, une personne qui faisait dans le commerce illicite des objets archéologiques et récupéré une importante quantité de pièces d'art appartenant au patrimoine national. Des pièces monétaires des époques romaine, punique et musulmane, des pointes de flèche ainsi que des objets d'art de valeur inestimable ont été saisis. « L'enquête sur cette affaire a commencé le mois de mai 2005 suite à une information qui nous est parvenue de cette wilaya faisant état de l'existence d'une personne qui faisait dans le commerce d'objets archéologiques. » Après deux mois d'enquête, nous avons arrêté la personne en question et récupéré les objets qui étaient en sa possession », a déclaré Darradji Salah, chef adjoint du service central de la répression du banditisme, dans une conférence de presse animée hier à Alger. Les éléments de cette brigade ont pu récupérer une quantité considérable de pièces monétaires de différentes époques historiques, dont 102 de l'empereur Constantin, 141 du IVe siècle avant J.-C., 27 pièces de monnaie françaises modernes, 4 de Dioclétien, 3 d'Arcadius et 2 pièces de Claudius. Ils ont aussi saisi 10 pointes de flèche néolithiques en silex. La valeur d'une seule pointe est de 450 millions de centimes. Parmi les objets récupérés, il y a également une colonne de marbre sculptée, des fragments de céramique et d'autres pièces d'art. La personne arrêtée, selon le commissaire, a déclaré qu'elle a ramassé certaines choses et a acheté d'autres chez des citoyens à des prix symboliques. Agé de 34 ans et d'un niveau d'instruction moyen, cet homme se connecte sur internet et avait des contacts avec des étrangers. « Il était sur le point de conclure un marché avec eux. Heureusement que nous avons découvert l'affaire à temps », a affirmé Darradji Salah. Un livre de cotation et d'identification de pièces monétaires anciennes a été également retrouvé chez lui. Preuve, d'après la police, que l'homme est un connaisseur. Est-ce que cette personne est affiliée à un réseau de trafic et de vol d'objets historiques ? Darradji Salah rétorque : « L'enquête est en cours, nous n'avons pas d'autres éléments pour le moment. » Conformément à la loi 90-04 du 15 juin 1992, interdisant le ramassage, la détention, le vol et le commerce des objets et des œuvres d'art appartenant au patrimoine protégé, l'homme a commis une infraction. Il est poursuivi actuellement pour « détention et commerce illicite de pièces d'art historiques ». Cette affaire pose encore une fois le problème de la protection du patrimoine culturel national. La question de la protection des parcs nationaux, connus pour leur richesse en gravures et pièces archéologiques et historiques, notamment dans le Grand Sud et la région des Aurès, s'est posée avec acuité depuis l'affaire des « touristes-pillards » allemands arrêtés, il y a quelques mois, dans le Tassili n'Ajjer. Selon Darradji Salah, la PJ et la brigade spéciale de lutte contre le trafic illicite des biens culturels et des œuvres d'art mènent, en plus de la répression, une campagne de sensibilisation à l'adresse des éléments de la police, notamment ceux des frontières. Une campagne visant à traquer les contrebandiers des œuvres d'art, d'autant plus que celles-ci sont devenues un marché lucratif.