La tradition ne sera pas respectée, cette année, par les Laghouat de Ouled Kihel. Leur grandiose waâda « oum jdour », la seconde en importance en l'honneur de Sid Chikh à travers le pays, n'aura pas lieu. Ainsi en ont décidé, la mort dans l'âme, ses organisateurs. Si celle dédicacée en l'honneur de Sidi Moulebhar à Bouzedjar, le saint patron des pêcheurs, n'a pas eu lieu parce que les pêches n'ont pas été miraculeuses, à Ouled El Kihel, ce sera à cause de l'indisponibilité en quantité suffisante, pour réussir la fête, du baroud. « Sans baroud, que peut être une fantasia ou une « dendana » ? Il n'y aurait ni panache, ni allégresse ? » explique-t-on. Si l'année passée, les organisateurs se sont contentés de seulement 20kg de baroud, achetant le reste sur le marché informel à des prix astronomiques, cette année, ils mettent un point d'honneur, d'une part, à ne pas prendre de risques de se retrouver en prison à l'instar du fournisseur des waâdates du pays et de l'autre, à marquer leur mécontentement vis-à-vis des autorités locales qui ne leur ont promis, pour septembre, que 10kg de baroud. A cet effet, ils ont avisé tous les membres de la confédération des tribus fidèles à la Zaouia des Ouled Sid Chikh, de ne pas se déplacer de leurs lointaines contrées, en automne prochain, en direction de Ouled Kihel. Ainsi, une tradition qui remonte à plus d'un siècle dans la région, une fête fastueuse de trois jours, va perdre de son lustre. Plus qu'un folklore qu'exhibe des troupes encore plus folkloriques que ce qu'elles tentent de perpétuer et qui n'a plus de soubassement socioculturel, c'est une « vivante » tradition populaire qui va se perdre. Il s'agit de la célébration du cheval, celui de race dont l'élevage va perdre sa raison d'être ; un cheval que des rabatteurs viennent acheter, auprès des rares propriétaires, avec l'argent de la drogue pour les revendre au- delà la frontière ouest où les acquéreurs bénéficient, contrairement aux notre, d'un soutien de l'Etat. Cela fait dire à certains que si les « jumenteries » sont une excellente chose pour préserver un patrimoine, le meilleur serait que ceci demeure, comme cela a toujours été, l'objet d'une pratique sociale et économique en milieu rurale. « Que seraient nos waâda sans nos chevaux barbes et arabes ? Et qui saura les dresser ? Nous aurions aimer que ce soient nos enfants et nos petits enfants qui le fassent après nous ». En fait, à Ouled Kihel, à la déception du ridicule quota de baroud attribué, s'est ajouté la mort du projet des Laghouat, d'une écurie collective ; un projet que s'était approprié la wilaya pour les en doter. Elle avait même voté un crédit pour assurer l'aménagement d'une ferme, à l'abandon. Malheureusement, les attributaires de l'EAC se sont rendus compte qu'ils possédaient un bien, faisant, tomber le projet à l'eau. La grève de la waâda sera-t-elle payante ?