Le pire que le peuple palestinien redoutait depuis longtemps a fini par se produire. Le premier accrochage armé entre des éléments des forces de la sécurité nationale et des combattants des brigades Ezzedine El Qassam, branche armée du mouvement radical Hamas, a eu lieu, jeudi dernier, dans l'après-midi. Tout a commencé lorsque les éléments de la sécurité nationale ont essayé d'empêcher 5 combattants du Hamas de lancer des roquettes artisanales de type Qassam en direction du territoire israélien, comme le stipulent les arrangements conclus entre Abbas et Sharon à Charm El Cheikh, en Egypte, en février dernier. Cet accrochage, qui s'est produit à Beit Lahia, au nord de la bande de Ghaza, non loin de la ligne verte séparant les territoires palestiniens et Israël, s'est soldé par l'atteinte des 5 éléments du Hamas de blessures plus ou moins graves. Par la suite, les brigades Ezzedine El Qassam ont élevé la tension en attaquant un poste militaire des forces de la sécurité nationale palestinienne et en incendiant quatre véhicules militaires. Ces incidents interviennent à la suite de tirs de 4 roquettes de type Qassam sur le village de Netiv Ha'asara, au sud d'Israël, ayant entraîné la mort d'une Israélienne. Ces tirs ont été revendiqués par les brigades Ezzedine El Qassam et les brigades des Martyrs d'El Aqsa, proches du Fatah, qui ont déclaré riposter à la mort de l'un de leurs chefs abattu, jeudi dernier, par les soldats israéliens à Naplouse, en Cisjordanie occupée. Les violences interpalestiniennes se sont poursuivies hier, dans le quartier de Zeitoun, dans la ville de Ghaza, avec la tombée de deux premières victimes de ces combats fratricides. Un enfant de 10 ans et un jeune de 18 ans, qui n'avaient rien à voir avec ces incidents, ont été pris entre deux feux : celui des éléments des brigades Ezzedine El Qassam et des services sécuritaires palestiniens. 26 personnes ont été blessées dont 6 policiers. Nasser Youssef, ministre palestinien de l'Intérieur, avait décrété, jeudi soir, l'état d'urgence maximal. « Des ordres avaient été donnés aux services de sécurité et à la police d'empêcher, par la force si besoin, tous les tirs de roquettes et de mortiers » contre des objectifs israéliens. « Nous prendrons toutes les mesures énergiques pour mettre fin à ces tirs et trouver une solution », a déclaré aux journalistes M. Youssef, à l'issue d'une rencontre à Ghaza avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Avant la prière du vendredi, des communiqués du Hamas, lus à partir des haut-parleurs de certaines mosquées de Ghaza, ont fait porter la responsabilité de ces incidents à l'Autorité nationale palestinienne, particulièrement au ministre de l'Intérieur qu'ils ont qualifié de tyran, d'assassin et de collaborateur au service d'Israël. Ajoutant de l'huile sur le feu alors qu'il semble très prêt de réaliser son rêve de mener les Palestiniens vers une guerre fratricide, le Premier ministre israélien Ariel Sharon a ordonne à son armée de tout faire afin d'empêcher les tirs de roquettes et de mortiers sur des cibles israéliennes. Plusieurs raids de l'aviation israélienne ont été enregistré depuis hier à l'aube. Les plus meurtriers sont ceux qui ont eu lieu dans l'après-midi, lorsque des hélicoptères d'assaut de type Apache ont tiré plusieurs missiles sur une maison abandonnée, près de la ville cisjordanienne de Salfit, tuant trois militants du Hamas. Deux autres militants du même mouvement ainsi qu'un passant ont été assassinés de la même manière quelques minutes après, mais cette fois à Ghaza. Leur voiture a été prise pour cible par le même genre d'hélicoptère. Cette fois, la trêve conclue entre le président palestinien Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Ariel Sharon à Charm el Cheikh semble définitivement rompue et fait désormais partie du passé. Pris entre le marteau de l'occupation et l'enclume de la guerre fratricide, le peuple palestinien semble être le grand perdant. Habitués aux crimes israéliens, les Palestiniens sont beaucoup plus inquiets du risque d'une lutte fratricide, qui ne fera que les affaiblir encore plus. Un retour au calme sur la scène interne est plus que nécessaire.