Alors que l'enlèvement, jeudi, à Baghdad, des deux diplomates algériens continuait, hier, de susciter la désapprobation de l'opinion nationale et internationale, le groupe du chef d'Al Qaîda en Irak, Abou Moussab Al Zarqaoui, a revendiqué, à travers un communiqué publié sur internet au début de la journée, le rapt de l'un des deux hommes. Il s'agit de Ali Belaroussi, le chargé d'affaires de l'ambassade d'Algérie à Baghdad. En revanche, le message ne fait aucune mention de Azzedine Belkadi, enlevé en même temps que M. Belaroussi, par huit hommes armés à El Mansour, un quartier placé sous haute sécurité, situé à l'ouest de la capitale irakienne. « Les ennemis de Dieu et les pays tyrans doivent savoir que le chef de la mission algérienne a été enlevé au cœur de la zone la plus sûre. Ne savez-vous donc pas qu'Al Qaîda est un brasier pour tous les ennemis de Dieu ? », mentionne dans le communiqué le groupe d'Abou Moussab Al Zarqaoui. Le ministère des Affaires étrangères, qui suit de « très près » l'évolution de la situation, n'a pas commenté la revendication du groupe Al Qaîda en Irak. Dans son message, dont l'authentification n'était pas encore établie hier, le groupe d'Al Zarqaoui dit s'être pris à Ali Belaroussi pour prouver le « sérieux » de ses menaces proférées à l'encontre des représentations diplomatiques étrangères, sommées de quitter l'Irak. Ce groupe, qui cherche à isoler l'Irak de la communauté internationale en s'attaquant notamment aux diplomates, reproche ainsi à l'Algérie d'avoir ignoré ses menaces et « envoyé son représentant en Irak malgré l'exécution de l'ambassadeur égyptien et la tentative d'assassinat de l'ambassadeur bahreïni ». « L'Algérie a envoyé son représentant malgré nos menaces que nous avons mises à exécution avec (le meurtre) de l'ambassadeur égyptien et la tentative d'assassinat de l'ambassadeur bahreïni. Mais l'Algérie a continué à obéir aux ordres des croisés en envoyant un représentant », indique le groupe affilié à El Qaîda, qui semble ignorer que la mission de Ali Belaroussi à Baghdad consistait à assurer le suivi administratif de la petite communauté algérienne restée dans la capitale irakienne pendant les deux guerres du Golfe. Désapprobation et Inquiétude Ali Belaroussi, 62 ans et père de quatre enfants, était installé à Baghdad en compagnie de sa famille depuis deux ans. Il devait bientôt regagner Alger pour prendre sa retraite. Le chargé d'affaires égyptien Ihab El Chérif a été enlevé, rappelle-t-on, le 2 juillet dernier par des hommes armés à Baghdad, avant d'être assassiné quelques jours plus tard. Trois jours après, Hassan Al Ansari, le chargé d'affaires à l'ambassade de Bahreïn, a été blessé dans une tentative d'enlèvement. Le groupe d'Al Zarqaoui, qui accuse, dans son communiqué, le gouvernement algérien de soutenir la politique américaine en Irak, semble également occulter le fait que l'Algérie a été l'un des rares pays arabes à être resté solidaire du peuple irakien dans les moments les plus sombres de l'Irak. « On ne trouve aucune explication, rien n'explique cet enlèvement, d'autant plus que nous avons des liens de fraternité avec le peuple irakien. Nous avons toujours soutenu l'intégrité de l'Irak avec laquelle nous avons toujours entretenu des relations exemplaires », avait déclaré le ministre d'Etat, Abdelaziz Belkhadem, à la presse, sitôt la confirmation de l'enlèvement des deux diplomates algériens. Le groupe d'Al Zarqaoui, qui n'a donné aucun détail sur l'état de santé des diplomates enlevés, a affirmé qu'il diffusera d'autres messages sur cette affaire. Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi, 47 ans, affecté en Irak il y a une semaine, ont été enlevés alors qu'ils se trouvaient en voiture à environ 100 m de l'ambassade d'Algérie à Baghdad.