Dans un récent communiqué, ce groupe terroriste “félicite” l'organisation de Ben Laden pour le rapt des représentants de l'Algérie en Irak. Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) se saisit de l'affaire du rapt des deux diplomates algériens par Al-Qaïda à Bagdad pour réaffirmer son omniprésence en Algérie et par là même exprimer son soutien à la guerre menée pour le groupe d'Abou Moussab Al-Zarqaoui contre la politique arabe des états-Unis d'Amérique. “Les moudjahidine en Algérie ont accueilli avec une grande joie l'information relative à l'enlèvement des diplomates algériens (Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi) par leurs frères dans l'organisation Al-Qaïda en Mésopotamie” (Irak), a affirmé l'organisation salafiste dans un communiqué daté du 23 juillet et publié sur son site internet. “Le GPSC présente (...) ses chaleureuses félicitations à ses frères d'Al-Qaïda pour cet acte de djihad héroïque”, a ajouté le communiqué. Le groupe du chef d'Al-Qaïda en Irak, Abou Moussab Al-Zarqaoui, a revendiqué dans un message diffusé avant-hier sur son site internet l'enlèvement du chargé d'affaires d'Algérie Ali Belaroussi. Ce message n'avait pas fait mention, en revanche, de l'autre diplomate algérien enlevé en même temps que M. Belaroussi, Azzedine Belkadi. En félicitant ainsi le chef du réseau d'Al-Qaïda en Irak pour l'enlèvement des deux diplomates algériens, le GSPC laisse entendre que le pouvoir en Algérie, comme celui du Caire, ou encore d'autres capitales arabes d'ailleurs est “complice” de cette politique américaine. Le GSPC laisse également entendre que “le régime algérien” paie pour sa politique de double jeu à l'égard de la situation en Irak en “feignant d'apporter son soutien au peuple irakien”, alors que “dans le même temps, il poignarde ce peuple dans le dos” en apportant sa caution au régime “renégat” du président irakien Djalal Talabani, tout en “tentant de cacher son soutien” aux “Croisés”. Cela étant dit, il est peu probable que le groupe terroriste algérien ait commandité cette action, comme l'ont suggéré des observateurs en Algérie. En effet, les termes dans lesquels est rédigé le communiqué attestent que le rapt des deux diplomates a été une initiative autonome du groupe d'Al-Zarqaoui. Sinon, on ne voit pas pourquoi, ni comment le GSPC se priverait du retentissement médiatique que lui vaudrait la paternité d'une telle action. S'il s'est suffi de féliciter Al-Zarqaoui et son groupe, c'est que manifestement il ne peut pas prétendre à plus. Du point de vue du GSPC, les deux diplomates ne sont ni plus ni moins que des représentants du régime en place en Algérie, un régime qu'ils disent combattre et qui, de son côté, multiplie les ratissages pour venir à bout des maquis de cette organisation terroriste, seul groupe encore actif après le “démantèlement quasi total” de son ancien rival, le GIA, début janvier. Même s'il fait régulièrement étalage de sa capacité de nuisance, notamment par de faux barrages à répétition surtout en Kabylie, et par d'autres attaques contre les forces de l'ordre, dont il a fait sa principale cible, le GSPC n'a jamais pu jusqu'ici accomplir sur le terrain des actions de portée internationale à même de nuire aux intérêts américains, ennemis jurés d'Oussama Ben Laden, chef d'Al-Qaïda à laquelle est affilié le GSPC. En fait, l'organisation créée par le sanguinaire Hassan Hattab tente, par le biais de son communiqué, de faire jonction entre son action en Algérie et celle d'Al-Qaïda en Irak. Elle veut donner une envergure internationale et résolument anti-américaine à ses actions. Ce qu'elle n'a pas pu faire jusqu'ici. Hier, en fin de journée, aucune information sur le sort des deux diplomates n'était disponible à Alger. Pour rappel, le chargé d'affaires algérien, Ali Belaroussi, 62 ans, en fin de séjour à Bagdad avant sa retraite, et Azzedine Belkadi, 47 ans, affecté en Irak il y a une semaine, ont été enlevés, jeudi dernier, par des hommes armés alors qu'ils se trouvaient en voiture à environ 100 mètres de l'ambassade d'Algérie. Rafik Benkaci