Le problème des rémunérations a fait fuir les investisseurs dans un marché ouvert à la concurrence depuis 1997. Qu'il pleuve qu'il neige, qu'il vente ou «qu'il y ait un faux barrage», aux gorges de la Chiffa, la vétuste flotte de Naftal assure la distribution des produits pétroliers sur l'immense territoire qu'est l'Algérie, une superficie cinq fois plus grande que la France. De Skikda à Bordj Badji Mokhtar, un véritable travail de fourmis est accompli chaque jour que Dieu fait, pour faire parvenir au citoyen des zones les plus enclavées sa bouteille de gaz butane, au chantier son gasoil et au chauffeur son carburant. Naftal jouit, certes, d'un monopole sur le marché de la distribution, mais cette position lui a coûté très cher. Un déficit de 4 milliards de dinars a été enregistré pour l'année 2001, et il sera porté à 5 pour 2002. Le coût du transport des 6 millions de tonnes de carburant livrés au marché national revient annuellement à 9 milliards de dinars pour Naftal. Selon son directeur général, Akli Remini, elle n'a jamais eu un capital qui lui a permis d'accéder à des crédits bancaires. Des projets d'envergure, comme le pipe d'Arzew, Tlemcen Remchi, ont été arrêtés faute de financement. Non bancable et fortement endettée, Naftal qui roulait avec un capital de moins de 9 milliards de dinars était au bord de l'asphyxie totale en 2001. Le mérite revient au P-DG du groupe Sonatrach, Chakib Khelil qui, selon M.Remini, a accepté la recapitalisation de Naftal suite au dossier qui lui a été proposé. «Voyant son capital passer de 6 milliards de dinars à 15, Naftal redevient pour la première fois une véritable entreprise», déclare M.Remini précisant que son entreprise a, en dépit de tout, réalisé un taux de croissance de 10% en 2001 et promet des résultats spectaculaires pour l'année 2002. Désormais, les 18 milliards de dinars de découvert bancaire, le milliard de dinar de pertes causées par le terrorisme, font partie du passé et Naftal entame une nouvelle ère où elle compte carburer à fond. En effet, elle est appelée à vivre dans un système de marché libre et concurrentiel. Pour cela, le directeur général se déclare confiant et compte sur «le potentiel humain que recèle l'entreprise», pour affronter la situation. Naftal, c'est un effectif de 14.000 travailleurs, 200 km de canalisations, 1800 stations-service, dont 1100 appartiennent à des privés et une flotte de 3000 véhicules. «L'ouverture du capital de Naftal n'est pas à l'ordre du jour. Nous comptons aller vers la filialisation par le biais du partenariat, car on ne peut pas évoluer en solo au moment où le monde est au flux des capitaux et humain», affirme le directeur général. Pour commencer, un avis d'appel d'offres international a été lancé pour la création d'une filiale de transport des produits pétroliers au Sud et le Groupe Khalifa ainsi que d'autres hommes d'affaires algériens ont été destinataires du cahier des charges. «Naftal a un patrimoine, un marché et des ressources ce qui lui permet de prétendre à une recapitalisation pour attirer les capitaux étrangers et nationaux, pour peu qu'ils soient sérieux et solvables», réaffirme le premier responsable de l'entreprise. Aussi dans son élan de restructuration, Naftal s'est fixée trois priorités, renouveler une partie de sa flotte dont plus de 70% est vieille de 10 ans, rénover les installations qui existent. Ainsi dans les mois à venir, nous assisterons au relookage des stations service qui porteront désormais les couleurs jaune et bleue. Et enfin, aller à la conquête du marché international. Dans cette perspective, l'exportation du bitume conditionné en Tunisie est déjà fonctionnelle, des contacts ont été pris avec l'Espagne, l'Italie, l'Afrique du Sud et des pays d'Amérique latine. Sur ce plan, il faut noter qu'un pays voisin, comme la Libye qui possède plus de 400 stations-service à travers l'Europe, a pris une sérieuse longueur d'avance sur l'Algérie. Cependant, le seul problème qui taraude encore le directeur général de Naftal, reste celui des rémunérations «les travailleurs de Naftal sont les moins rémunérés du secteur, nous avions des Smig à 7900 DA», a-t-il déploré, ajoutant qu'il se bat depuis 1999 pour faire aboutir cette revendication.