Ce qui était à craindre est arrivé.Les kidnappeurs des deux diplomates algériens ont osé mettre à exécution leur menace.Dans un communiqué mis en ligne sur un site islamiste, sur Internet, -dont l'authenticité ne pouvait être établie sur le moment, le groupe du chef d´Al Qaîda en Irak Abou Moussab Al Zarkaoui a annoncé hier avoir exécuté les deux diplomates algériens qu´il avait enlevés le 21 juillet dernier à Bagdad. Le texte du communiqué indiquait: «Vos frères dans la branche militaire de l'organisation Al Qaîda en Mésopotamie ont procédé mercredi 27 juillet à l'application du verdict du tribunal islamique (...). Le président de la mission diplomatique algérienne Ali Belaroussi et l'attaché diplomatique Azzedine Belkadi ont été ainsi tués». L'annonce de cette «exécution» a été faite au moment où l'Algérie déployait de grands efforts pour tenter de libérer ses deux diplomates. Selon toute apparence ces efforts auront été vains. Le cauchemar des diplomates algériens en poste à Bagdad a commencé le jeudi 21 juillet aux environs de 13 heures locales (10 heures GMT) lorsque le chargé d'affaires, Ali Belaroussi, et l'attaché diplomatique Azzedine Belkadi ont été enlevés dans le quartier Al Mansour au centre de la capitale irakienne, à une centaine de mètres de l'ambassade d'Algérie, par un groupe d'hommes armés qui les ont extirpés de leur voiture, sans que les policiers en faction devant l'ambassade du Qatar, toute proche, interviennent. Aucune information n'a été donnée sur le moment jusqu'à la revendication de l'enlèvement des diplomates algériens par l'organisation d'Al Qaîda en Irak, dont le communiqué était signé par son responsable Abou Moussab Al Zarkaoui. Seul le nom du chargé d'affaires Ali Belaroussi a été donné, le silence étant observé sur le sort du second diplomate, Azzedine Belkadi. Tout un scénario a ensuite suivi, le groupe Al Zarkaoui montrant lundi nos deux compatriotes sur une vidéo mise en ligne sur Internet. Les deux hommes avaient les yeux bandés et donnaient des éléments d'information les concernant. Un procédé indigne et répugnant qui dans son élaboration même n'avait rien d'humain. Les supplications de Mme Belaroussi, des enfants et des proches de Ali Belaroussi, demandant la libération de leur parent, sont restées sans écho auprès de sicaires qui jouent au Dieu le père avec droit de vie et de mort sur des hommes libres. Les choses se sont précipitées mardi, lorsque le groupe Al Zarkaoui a mis en ligne, sur un site Internet, l'annonce, datée du 25 juillet, de la condamnation à mort de nos deux diplomates. Le communiqué indique: «Le tribunal islamique de l'organisation Al Qaîda en Mésopotamie a décidé d'appliquer le verdict divin aux deux émissaires diplomatiques du gouvernement algérien apostat, le chargé d'affaires Ali Belaroussi et l'attaché diplomatique Azzedine Belkadi et de les tuer.» Condamnation prononcée par un «tribunal islamique» et assumée par un certain Abou Maissara Al Iraqi, chargé du département d'information de l'organisation d'Al Qaîda en Irak, qui en signe le texte. Vingt-quatre heures après cet avis d'assassinat, hier en l'occurrence, c'était l'annonce de leur exécution. Le moins qui puisse être relevé dans cette macabre affaire est que les exécutants d'Al Qaîda, ou ce qui se dissimule derrière ce sigle, ont été expéditifs, ne permettant aucun recours aux accusés, ni ne leur donnant la possibilité de se défendre. Justifiant cet horrible assassinat, que rien, absolument rien ne peut légitimer, le groupe d'Al Zarkaoui accuse l'Algérie de «ne pas appliquer» la charia, de soutenir les «Juifs et les chrétiens» en Irak et d'être derrière «l'effusion du sang des musulmans» en Algérie. La référence est par trop transparente aux années de feu et de sang, à la guerre que les hordes sauvages, sans foi ni loi, des GIA, AIS et autres Gspc ont imposé durant près d'une décennie au peuple algérien. Or, ce sont les musulmans algériens que ces islamistes du troisième type ont assassinés, ce sont encore des musulmans irakiens sur lesquels s'acharnent aujourd'hui ces ‘'islamistes'' sortis tout droit du néant et plus sûrement des bouches de l'enfer. Ainsi, selon le communiqué d'Al-Qaîda en Irak, «Ce sont deux émissaires de l'Etat algérien, qui n'applique pas la charia et qui s'est allié aux juifs et aux chrétiens. Il les a envoyés pour soutenir les bases des juifs et des chrétiens en Mésopotamie». Or, s'il y a un pays qui a soutenu la cause du peuple irakien dans tous les forums internationaux, et notamment à l'ONU, c'est bien l'Algérie qui n'a lésiné sur aucun effort, ni moyens, pour que l'Irak recouvre sa souveraineté. L'Algérie qui a fait l'expérience -dans la chair et le sang de ses enfants- de ces hordes hirsutes, est payée pour savoir qu'il est encore possible de raisonner quelqu'un d'obtus, mais la raison perd ses marques face à des personnes fanatisées, dont la compréhension de l'islam a été pervertie, qui veulent refaire le monde et ré-islamiser les musulmans. Belaroussi et Belkadi, à l'instar des milliers d'autres victimes des nouveaux prosélytes, sont morts sans savoir pour quelle cause. Jamais la diplomatie algérienne qui s'est imposée dans le monde, depuis l'indépendance de l'Algérie, par son soutien aux causes justes et aux peuples opprimés n'a connu une telle mortification par l'assassinat de ses représentants alors qu'ils étaient en Irak, d'abord et avant tout, pour aider le peuple irakien à traverser la passe difficile où se trouve son pays.