Aucune chance ne fut accordée à Belaroussi et Belkadi. Il y a un peu moins d'une année, le 23 juillet 2005, deux diplomates algériens furent enlevés puis froidement assassinés à Baghdad, mettant toute la population algérienne en émoi, mis à part quelques énergumènes qui s'étaient réclamés du Gspc. La vie de Azzedine Belkadi, 47 ans, attaché diplomatique et Ali Belaroussi, 62 ans, chargé d'affaires à l'ambassade, malgré les appels de la communauté internationale, ne fut malheureusement pas épargnée. La question que l'on se pose aujourd'hui est la suivante : quel rôle avait joué Abou Mossab Al Zarqaoui dans cet effroyable drame? Le désormais ex-chef d'Al Qaîda en Mésopotamie (blad el rafidine), comme il se plaisait à appeler l'Irak, va-t-il emporter son secret, voire son abominable crime dans la tombe? Tout ce que l'on sait, c'est que le rapt de nos deux diplomates sera revendiqué sur son site Internet par le sinistre groupe Zarqaoui, en se basant sur de pseudo accusations visant Azzedine Belkadi, natif de Béjaïa, qui venait juste de prendre ses fonctions à Baghdad, et Ali Belaroussi, qui devait prendre sa retraite après 20 ans de carrière. Jusqu'à aujourd'hui, les familles des deux diplomates se posent des questions sur ce que sont devenus les corps des victimes pour faire leur travail de deuil. Au moment de leur rapt, les deux diplômates se trouvaient à bord d'un Land Cruiser avant d'être enfermés par leurs ravisseurs dans le coffre de leur voiture immatriculée dans la province d'El Anbar. Mais l'accusation la plus lourde dans l'esprit des ravisseurs visait le pouvoir algérien lui-même, auquel on reprochait rien moins que de ne pas appliquer la charia. Alors que le gouvernement algérien avait mis tout en oeuvre pour faire libérer les deux hommes, il y eut un cafouillage au niveau médiatique, puisqu'on a pu lire quelque part que Zarqaoui s'était prononcé contre l'exécution des deux diplomates -ou bien était-ce juste une propagande?- et qu'un groupe rival, qui avait pris l'affaire en main, se montrait intraitable. Pour Abdelaziz Belkhadem, à l'époque représentant personnel du président de la République, le gouvernement algérien tentait toutes les possibilités et utilisait toutes les pistes pour faire toute la lumière sur cette affaire et les libérer sains et saufs. Pour Mohamed Bedjaoui, ministre des Affaires étrangères, le gouvernement ne se «croise pas les bras. Je ne peux pas vous dire à l'heure actuelle ce qu'il est en train de faire mais il fait tout ce qu'il peut pour que les deux ressortissants puissent être libérés». Ces efforts furent néanmoins neutralisés par un communiqué du Gspc qui demandait aux ravisseurs de les interroger en «images» vidéo. Ils furent en effet montrés les yeux bandés, mais le procès (ou la farce qui en tenait lieu) se déroula si vite que leur assassinat fut annoncé comme une victoire toujours sur le site Internet de Zarqaoui. «Vos frères de la branche militaire de l'organisation Al Qaîda en Mésopotamie (Irak) ont procédé mercredi 27 juillet à l'application du verdict du tribunal islamique». Aucune chance ni circonstance atténuante n'étaient accordées aux deux diplomates par des bourreaux avec lesquels les Algériens grands et petits ne se sentent aucun lien de fraternité. Loin s'en faut.