Le ministre des Finances, Mourad Medelci, a laissé entendre que les banques pourraient procéder à une nouvelle baisse des taux d'intérêt. « Toutes les conditions sont réunies pour cela. Nous ne pouvons pas aujourd'hui annoncer quoi que ce soit car c'est du ressort des banques qui peuvent librement consentir des réductions supplémentaires. Elles le feront si les conditions générales de liquidités, qui sont bonnes aujourd'hui, se maintiennent. Elles le feront surtout car elles auront une meilleure appréciation des risques. Elles seront après cela invitées à faire des efforts », a-t-il soutenu en marge d'une rencontre qui a regroupé, hier, les banques et l'ensemble des organisations patronales. Evoquant la situation des établissements bancaires, le ministre a confirmé leur recapitalisation dans les mois à venir. « Les banques ont été recapitalisées en 2001.Les opérations de capitalisation et recapitalisation dépendent d'un certain nombre de facteurs qui font qu'on est obligé de mettre à niveau à chaque étape. L'un de ces facteurs, c'est la dimension du marché. Plus les liquidités sont importantes et plus les clients sont porteurs de projets, plus la taille de la banque devient importante et oblige à recapitaliser et à relever le niveau du capital. Nous sommes dans cette hypothèse. Nous le ferons probablement dans les mois à venir pour la plupart des banques », a indiqué le ministre. Interrogé sur l'état d'avancement de la privatisation du Crédit populaire algérien (CPA), Mourad Medelci a affirmé que cette opération devrait être finalisée dans une année. « Avant le premier août, le CPA aura changé de statut « , a-t-il souligné avant de préciser que « ceci est une perspective sérieuse, ce n'est pas encore une décision » pour signifier que rien n'est définitivement tranché. Il a rappelé qu'un appel d'offres a été lancé le 4 juillet pour recruter une banque d'affaires. Cette dernière « va nous aider à trouver parmi les banquiers internationaux qui sera le mieux placé pour entrer dans le capital du CPA. Nous envisageons de boucler cette opération au bout d'une année », a-t-il ajouté. Dans la même foulée, le grand argentier du pays a assuré que le nouveau système de paiement sera opérationnel au plus tard au début de l'exercice 2006. C'est « un objectif non négociable », a-t-il lancé à l'intention des responsables de banques et des opérateurs économiques présents dans la salle de conférences au siège du ministère des Finances. Le nouveau système de paiement de masse va permettre d'étudier les demandes de crédit en moins de 5 jours. « Nous allons nous doter d'un système financier complexe et professionnel. Pour ce faire, nous allons présenter quelques mesures : une nouvelle loi sur les assurances qui passera à l'APN en septembre, la loi sur le capital-risque passera au prochain conseil des ministres ainsi que la loi sur la titrisation des créances hypothécaires qui sera également examinée en automne », a-t-il déclaré à ce propos. Dans le même ordre d'idées, il a annoncé que le niveau du capital de la caisse des marchés publics sera relevé. « Nous allons multiplier par 3 à 4 fois son capital actuel », a-t-il dit. Ces actions visent, d'après lui, à renforcer le paysage normatif avant la fin de l'année. Celui-ci a beaucoup évolué, selon lui, notamment pour ce qui est du renforcement des mesures prudentielles pour la prévention. Une amélioration du financement de l'économie, qui est passé de 1300 milliards de dinars en 2003 à 1500 milliards de dinars en 2004, a été enregistrée même si cela n'a pas été suivi d'effet sur l'emploi. S'agissant de la répartition de ces ressources allouées à l'économie, le représentant du gouvernement a signalé qu'elles sont allées essentiellement au secteur privé en 2004. Il a indiqué qu'on n'est pas loin d'arriver à une parité entre les secteurs privé et public de ce point de vue. Mourad Medelci est revenu, en outre, sur la question des créances douteuses. Selon le ministre, le problème concerne désormais le secteur privé alors qu'auparavant seuls les opérateurs publics étaient impliqués. Mourad Medelci a noté un fait révélateur. Ainsi, d'après lui, « les banques qui ont une clientèle composée de producteurs trouvent plus de contraintes que les banques qui ont une clientèle composée d'importateurs. Nous avons des banques qui ressemblent à des voitures qui ont un frein plus puissant que l'accélérateur », a-t-il déclaré pour illustrer la situation du système bancaire.