Le ministre des Finances a confirmé hier dans les colonnes du journal arabophone El Khabar la non-observation par certaines banques des ratios de division de risque édictés par la Banque d'Algérie. Les ratios prudentiels, appelés ratios cook, représentés principalement par le ratio de solvabilité et les ratios de division des risques, sont des normes universelles arrêtées par le Comité de Bâle (Banque des règlements internationaux). Le ratio de solvabilité signifie que les fonds propres nets (capital plus les réserves et les bénéfices, déduction faite des provisions nécessaires et des participations dans les banques et les établissements financiers), d'une banque ou d'un établissement financier doivent assurer la couverture d'au moins 8% des risques encourus (c'est-à-dire les crédits et autres emplois pondérés par le degré de risque). C'est le niveau de solvabilité que doit respecter chaque banque ou établissement financier comme base à une solidité financière (santé patrimoniale). Le ratio de division des risques, fixé à 25%, signifie que les crédits accordés à un client ne doivent pas excéder 25% des fonds propres d'une banque. Cela vise à éviter la concentration des risques sur un client, voire l'excès de concentration des risques. Tous les pays, dont l'Algérie, ont adopté ces normes universelles dans leur réglementation bancaire et veillent, donc, au respect des ratios prudentiels par les banques et les établissements financiers dans l'exercice de leur activité d'intermédiation. Le ministre des Finances, invité “Du petit déjeuner” du journal El Khabar, estime que des banques n'ont pas observé les instructions de la Banque d'Algérie, “notamment celle qui stipule que les crédits accordés à un client ne doivent pas excéder 25% des fonds propres d'une banque”. Le ministre ne cite aucune banque. Le grand argentier du pays affirme que l'Algérie se prépare à appliquer les formules “Bâle II”, plus strictes en matière d'octroi de crédit, dans le respect de règles prudentielles. M. Mourad Medelci avertit que “si les banques ne respectent pas les règles du jeu, si elles outrepassent les limites qui leur sont imposées, elles deviendront un danger”. Le ministre des Finances, en toute franchise, reconnaît aussi que les services offerts par les banques “ne sont pas à la hauteur des attentes”. M. Mourad Medelci explique cette faiblesse par la présence dans le portefeuille des banques de clients malades. “L'existence de clients malades dans le portefeuille des banques expose celles-ci aussi à la maladie”, explique-t-il. D'où la nécessité, estime-t-il, d'augmenter le capital. Le ministre des Finances souligne que la problématique d'octroi et de traitement de crédits sont du ressort des banques avec leurs clients. “C'est un acte commercial. Dans l'octroi, le refus ou le rééchelonnement des crédits, la banque tient compte, évalue les risques”, précise-t-il devant les journalistes du quotidien d'El Khabar. Le ministre soutient que “la tutelle n'intervient pas dans la gestion des banques”. Il affirme que le Chef du gouvernement “a réitéré l'instruction interdisant aux ministres d'intervenir au niveau des banques pour soutenir n'importe quel crédit”. Pour pallier les insuffisances, le ministre évoque un nouvel assainissement des banques publiques et leur recapitalisation. M. Mourad Medelci précise que l'opération se fera au cas par cas. “Toutes les banques sont concernées”, ajoute le grand argentier du pays. Le ministre des Finances avance qu'en 2001, les opérations d'assainissement ont coûté plus de 16 milliards de dinars. Abdelatif Benachenhou avait avancé que dans toutes les mesures d'assainissement des banques, l'Etat a dépensé plus de 26 milliards de dollars. L'actuel ministre des Finances, devant les journalistes du quotidien El Khabar, souligne que la banque d'affaires devant accompagner le CPA dans le cadre de l'ouverture du capital sera bientôt connue, sans en préciser la date. C'est au gouvernement de décider du niveau d'ouverture du capital. M. Mourad Medelci prévoit une baisse de crédit à l'investissement même s'il précise que la décision est du ressort des banques. “Il est possible de baisser le taux d'un quart de point”, estime-t-il. Le ministre des Finances rappelle que les réserves de change sont estimées à 47 milliards de dollars. Le montant du Fonds de régulation des recettes dépasse 900 milliards de dinars. Synthèse M. R.