Au dépôt de Safa Zaccar et de l'Emifor, les deux entreprises chargées du démasclage ou déliégeage, le produit subéreux s'entasse en stères et est trié suivant quatre catégories : liège mâle sain, liège mâle flambé (noirci par le feu), liège femelle sain (premier choix) et liège femelle flambé (deuxième choix parce que passé par le feu).Le liège mâle provient de la première production. Celle-ci a lieu tous les 10-15 ans, selon les trois fonctionnaires de la conservation des forêts, qui ont bien voulu nous accompagner dans nos déplacements. Selon leur estimation, la production de liège, qui ne s'est pas faite depuis plus de 20 ans pour des raisons de sécurité, approche les 400 m3 ou stères, sans compter les morceaux provenant du ramassage et qui forment un tas à part. Source de richesse pour une wilaya qui cherche à diversifier sa palette économique, le stère de liège se vent selon la qualité du produit de 1 à 1,5 million, aux dires d'un de nos responsables.Du dépôt de Safa Zaccar, qui se trouve dans la zone industrielle, nous nous rendons dans la forêt d'Errich. Là, s'étend sur plusieurs hectares une suberaie ou lieu planté de liège. Des chênes-lièges montrent leur fût dénudé. Les démascleurs ou ouvriers chargés d'extraire le liège étaient passé par là. Devant notre étonnement, un des responsables explique : « On ne retire pas tout son liège à un arbre, afin qu'il puisse rester en bonne santé », et de préciser à ce propos : « On calcule la hauteur du liège à prendre sur un arbre en multipliant la circonférence de celui-ci par 2,5. » En d'autres termes, plus le tronc est gros, plus la partie du chêne-liège soumise à cette opération est importante. Plus son tronc est étroit et moins la coupe est importante. Pour nous donner une idée plus précise de ce que peut être ce travail, nos trois compagnons nous invitent à nous déplacer sur Beni Smaïl, un site situé à 5 ou 6 km à l'est, dans la commune de Taghzout. Au milieu d'un bois touffu de chêne-liège, trois jeunes armés d'une scie et de hachettes font une assez bonne besogne. L'un deux avec sa scie trace un cercle en haut du tronc. Trop bas juge un responsable. Le même fait remarquer que l'arbre n'a pas été débarrassé des reliefs de la coupe précédente, visibles au pied de l'arbre. On appelle cela une toilette. Enfin, on joint les deux cercles faits au bas du tronc et au sommet par une profonde entaille puis on glisse d'un côté et de l'autre les manches des deux hachettes pour décoller le liège. La protection des forêts a justement procédé, pour l'année écoulée, à une opération de reboisement ayant ciblé 65 ha et s'apprête pour l'année 2005/ 2006 à une autre qui va concerner 50 ha.Autre fait également noté : il existe dans nos forêts trois types de chênes : le chêne-liège, le chêne vert (qui donne le gland) et le chêne zeene. Ce dernier, assure un des trois responsables du secteur, fournit du bois pour la menuiserie. On le rencontre dans la forêt de Yakourène. « C'est le meilleur d'Afrique du Nord », estime le même responsable.