Le liège reste sous-exploité dans la wilaya de Tizi Ouzou et le patrimoine forestier, bien que très riche, est en jachère et mal surveillé. Il fait l'objet d'exploitation sauvage et il est ravagé par les flammes à chaque été. Pourtant, du point de vue économique, son importance n'est pas négligeable. Et pour cause : les unités de transformation peuvent absorber 300 000 q/an alors que la production nationale ne fournit que le tiers. Aussi, une fois transformé, donc autorisé à l'exportation, le liège peut s'insérer dans un marché mondial où la demande est sans cesse grandissante. En effet, pour la saison 2004, la récolte de liège a été de près de 4300 q : près de 2500 q sont issus des forêts domaniales (issus de Mizrana à près de 80%) et 1800 q de forêts privées. Entre 1995 et 2000, près de 8000 q de chêne-liège sont produits en moyenne annuellement, selon la Conservation des forêts de Tizi Ouzou. Les mêmes sources ajoutent que de 2000 à 2003, la production oscillait entre 4000 et 5000 q. Qualitativement, cette production se compose entre autres, de près de 2050 q de liège de reproduction destiné à la fabrication de bouchons et panneaux d'isolation thermique (avec les déchets), près de 400 qsont des lièges de première récolte. Pourtant, dans les années 1980, la production avoisinait 20 000 q/an. Au début des années 1990, elle était de 10 000 quintaux. La situation sécuritaire de la décennie 1990 a fait que rares ont été les exploitants qui s'aventuraient dans les massifs forestiers de la wilaya, rendant ainsi les récoltes aléatoires. Les incendies à répétition ont ravagé les massifs, le liège étant une essence hautement inflammable. Pour l'heure et sur les 48 000 ha de forêts de la wilaya, plus de 23 000 ha sont constitués de chêne-liège. Le reste de la couverture forestière (115 000 ha), est constitué de 67 000 ha de maquis. La forêt représente près de 40% de la superficie totale de la wilaya (115 000 sur 300 000 ha) et le chêne-liège est situé essentiellement dans la forêt domaniale de Beni Ghobri qui s'étend sur 5510 ha, celle de l'Akfadou d'une superficie de 4628 ha, de Azouza et de Taksebt, constituées en quasi-totalité de chêne-liège avec respectivement 2157 et 1266 ha. A Mizrana et Tigrine, le chêne-liège couvre respectivement 2224 et 1048 ha. La forêt domaniale de Tamgout, s'étalant sur 3670 ha, recèle elle aussi un riche couvert de chêne-liège tout comme celle de Boumahni, de Beni Khalfoun et de Moulay Yahia (près de Draâ El Mizan) avec respectivement 2887, 830 et 800 ha de chêne-liège en taillis dégradé. Le jeune arbre entre en production après 45 ans. A la fin de la saison d'exploitation, s'étalant de juin à septembre et correspondant à la montée de sève, toute récolte est entreposée dans un dépôt central et répartie en lots classés en catégorie : le liège de reproduction sain, le liège mâle, le liège flambé (touché par les incendies) et enfin le débris de liège. Et les prix moyens de vente sont de l'ordre de 15 000 DA/q pour le liège sain, 4000 DA/q pour le liège mâle et 1000 DA/q pour le liège flambé. Son transport, comme tout produit forestier, est soumis à un permis de colportage et depuis quatre ans, une police forestière est instituée. Ainsi, 24 q de liège volés ont été saisis l'année dernière.Une taxe de 20% sur la récolte est imposée aux exploitants. Pour l'année 2004, elle a été de 1,24 million de dinars qui, additionné à une redevance domaniale d'une valeur de 4,2 millions de dinars, donne une recette fiscale tirée de la vente et l'exploitation du liège de 6 millions de dinars, versée au compte des services des domaines. Le programme de développement sectoriel des forêts accorde une attention notable pour la sauvegarde de la subéraie, le maintien des sols, la production de liège exploitable, l'ouverture et l'aménagement des pistes et des prises d'eau. En 2002, une opération de reboisement a été faite sur 100 ha, près de Oued Ksari et 100 autres sont en cours, alors que le programme 2004/2005 prévoit un reboisement de 200 ha. En 2004, ce sont 100 ha de reboisement, 150 ha de travaux d'assainissement (après incendies) et 25 km de pistes qui ont été réalisés. Annuellement, ce sont en moyenne 700 ha du territoire forestier qui sont assainis. Nos interlocuteurs notent que « lors de l'adjudication de novembre dernier, les prix du liège sain ont atteint les 15 000 DA/q, alors que celui flambé ou destiné à la trituration est cédé à quelques milliers de dinars le quintal. »