Le retour de Abdelhamid Temmar au ministère des Participations et de la Promotion des investissements (MPPI) semble impulser une nouvelle dynamique au processus de privatisation des entreprises publiques économiques (EPE). En effet, deux semaines seulement après sa réinstallation, il a réuni, à Djenan El Mithaq, les directoires des sociétés de gestion des participations pour s'enquérir de « l'état d'avancement du dossier d'ouverture du capital de certaines entreprises ». C'est dans ce contexte que le syndicat d'entreprise d'Alzofert (ex-complexe d'ammoniac et d'engrais azotés Arzew) du groupe Asmidal, lors d'un point de presse organisé hier à Arzew, dénonce, du moins dans la forme, la signature, aujourd'hui à Alger, de l'accord de pacte d'actionnaires entre le groupe Asmidal et le groupe espagnol Fertibéria. Une réunion que les syndicalistes boycottent d'ailleurs. A ce propos, les représentants du syndicat d'entreprise d'Alzofert nous diront d'emblée : « Le partenariat est une option stratégique des pouvoirs publics, mais nous dénonçons la mise sous silence des droits socioprofessionnels des travailleurs d'Alzofert. Nous demandons que le partenaire social soit impliqué dans le volet social de l'accord avec le futur partenaire. » L'on saura à ce sujet qu'une fusion est en passe d'être réalisée entre deux filiales du groupe Asmidal : Alzofert à Arzew et Fertial à Annaba. En effet, d'après nos interlocuteurs « les conseils d'administration (CA) des deux EPE ont été dissous, en mai 2005, pour justement paralyser toute activité des deux entités dans la perspective de créer une nouvelle structure, dénommée Algérie Fertilisants, dont le capital sera détenu à hauteur de 66% par le groupe espagnol et 34% pour la partie algérienne ». Et d'ajouter : « On ne comprend pas comment une entreprise en difficultés financières (Fertial Annaba) puisse absorber une entreprise bénéficiaire (Alzofert Arzew) pour créer une nouvelle structure qui porterait le nom de Fertial et dont le siège social est basé à Annaba ! » Dans ce contexte, le syndicat d'entreprise rejette l'accord collectif portant paiement d'une prime exceptionnelle (de 35 000 DA) qui stipule dans son préambule : « Considérant la volonté commune de renforcer le climat social prévalant au sein de la filiale, particulièrement à la veille de l'ouverture de son capital, les deux parties ont convenu de traiter et d'assainir définitivement les demandes socioprofessionnelles à caractère collectif, notamment celles afférentes à la partie variable des rémunérations. » Cette stratégie est justement dénoncée par le syndicat d'entreprise d'Alzofert qui « ne comprend pas le fait qu'aucune réunion d'explication ou de vulgarisation du contenu de l'accord de partenariat n'a été initiée par le directoire en direction des cadres dirigeants et du collectif des travailleurs d'Alzofert tel que ça été fait à Annaba ». Le syndicat d'entreprise d'Alzofert demande, au préalable, le règlement et l'assainissement de tous les problèmes socioprofessionnels et la revalorisation de la grille des salaires avant la concrétisation de l'accord de partenariat, la mise en place d'une convention de branche à partir de laquelle découlera la convention d'entreprise et la mise en place d'une nomenclature des postes. En tout état de cause, une assemblée générale des travailleurs est prévue incessamment pour dégager une stratégie commune de riposte. Cela étant dit, cette ouverture du capital intervient au moment où le groupe Sonatrach rend public un avis d'appel à manifestation d'intérêt (BAOSEM - SH/AVAL/MI/N°06/2005) pour la réalisation d'un complexe de production d'ammoniac et ses dérivés dans la zone industrielle d'Arzew. Sachant que le complexe d'Alzofert (ex-ammoniac et engrais azotés) faisait partie du groupe Sonatrach jusqu'à septembre 1985, année de la filialisation de cette dernière en 13 entreprises distinctes, de nombreux spécialistes des questions liées au secteur des hydrocarbures s'interrogent sur les dessous de deux actions simultanées (ouverture du capital et lancement d'un appel à manifestation d'intérêt) portant sur un même secteur d'activité alors qu'il serait incontestablement moins coûteux et sûrement plus simple de réintégrer le complexe d'ammoniac dans le giron de Sonatrach !