Selon une étude de marché faite par la société suisse Atlas Agro, « les dépenses publiques et privées de lutte contre les moustiques dans quelques importantes wilayas d'Algérie s'élèvent à plus de 20 millions d'euros pour la période allant de juin à septembre ». Ce sont les ménages qui payent cette facture à hauteur de 80%. L'étude de marché en question, nous explique le premier responsable d'Atlas Agro, Mounir Hassani, s'est appuyée dans son calcul sur la consommation moyenne des Algériens, résidant dans les régions exposées à la prolifération des moustiques, en produits antimoustiques (pastilles et autres). Le manque de moyens des organismes d'hygiène dans les villes et les communes, conjugué à l'inefficacité des produits utilisés, est, souligne le spécialiste, à l'origine du coût exorbitant de la lutte antimoustique. Outre les nuisances chroniques qu'ils causent à la population, les moustiques sont également des vecteurs de maladies, notamment les encéphalites, le paludisme, la dengue et la fièvre jaune. Leurs piqûres peuvent provoquer des réactions allergiques sur de nombreuses personnes. La lutte par les produits chimiques « adulticides » demeure jusque-là le moyen unique de lutte en Algérie. « En plus de leurs coûts élevés, ces produits génèrent de nombreux effets indésirables dont la pollution des nappes phréatiques, présence de résidus toxiques dans les aliments, impact sur la santé humaine (allergie), diminution de la diversité génétique et la destruction de nombreux prédateurs et parasitoïdes en raison du manque de sélectivité », fait savoir M. Hassani. Aussi, l'utilisation massive de ces produits chimiques « a conduit au développement de résistances chez les différentes espèces de mouches et moustiques ». La méthode utilisée dans les zones urbanisées, souligne notre interlocuteur, « reste archaïque et sans support scientifique. Le personnel technique chargé des opérations est mis face à un ennemi qu'il connaît trop peu et les investigations sont le plus souvent infructueuses ». La lutte antimoustiques doit être, selon lui, « intégrée dans une activité de démoustication généralisée avec une coopération tant au plan régional que national ». L'autre élément jugé très important par le scientifique est la formation d'un personnel spécialisé affecté à la lutte contre les moustiques. En effet, poursuit-il, compte tenu du nombre réduit de matières actives d'insecticides disponibles, de la progression des phénomènes de résistance, de l'importance de préserver les milieux démoustiqués ou à démoustiquer, « toute action de démoustication exige des intervenants compétents et motivés, capables de concevoir, mettre en œuvre et évaluer une lutte intégrée répondant à des impératifs circonstanciels ». L'expertise de la société Atlas Agro en matière de lutte contre les moustiques a été mise à profit par l'Etablissement de l'hygiène urbaine de la ville d'Alger (Hurbal) à travers un projet placé sous le signe de partenariat. L'entreprise helvétique s'engage, au titre de ce projet de partenariat, à aider à la mise en place d'un programme de démoustication intégrant tous les moyens disponibles (suivi des populations, communications, méthodes de lutte), à démontrer l'efficacité de biolarvicides (VectoBac G et VectoBac WG) dans les conditions locales et assurer un transfert de technologie grâce à la formation d'un personnel spécialisé qui sera chargé de suivre le projet pilote et les applications futures. Pour sa part, l'établissement Hurbal s'engage à mettre en place une cartographie des gîtes larvaires (identification et typologie), à l'application des programmes de traitement et le suivi sur le terrain des opérations de démoustication. Deux sites pilotes on été choisis à Alger pour une opération de démoustication : la cité Jolie Vue 2 (8 immeubles) et la cité de 286 Logements (15 immeubles). Cette opération pilote, de l'avis même du directeur général d'Hurbal, Ouamer Makhoukh, « s'est soldée par des résultats très positifs notamment en matière d'efficacité, de rapidité d'action et de facilité d'utilisation ». Des opérations pilotes similaires à celle d'Alger devront avoir lieu à Annaba et à Oran, deux grandes villes qui souffrent énormément de la prolifération des moustiques. Une campagne de sensibilisation des pouvoirs publics aux nouvelles techniques de lutte contre les moustiques a été menée par la société Atlas Agro dans ces deux principales villes.