Le ministère de l'Education nationale a la quasi-certitude de pouvoir mettre, dès la rentrée prochaine, à la disposition de tous les élèves concernés aussi bien les manuels scolaires touchés par la réforme que les livres encore en vigueur, et dont il s'agit seulement d'en augmenter le nombre pour répondre à la demande. Son optimisme s'explique par l'avance prise par l'Office national des publications scolaires (ONPS), qui a déjà produit et diffusé à tous les établissements scolaires du pays presque la totalité des ouvrages commandés. Environ 32% des besoins nationaux en manuels scolaires, estimés à 41 millions d'unités destinés aux élèves des trois premières années primaires et des trois premières années moyennes ayant fait l'objet d'une réforme, ont déjà été satisfaits par cet office qui a de surcroît pourvu à la totalité de la demande en livres scolaires courants. L'ONPS est même parvenu à éditer et à diffuser les manuels de 1re AS, qui sera prochainement touchée par la réforme. L'acheminement des anciens et nouveaux manuels vers les établissements scolaires a commencé en mai dernier, les livres en question étant distribués dès leur sortie des chaînes de production de l'immense complexe de l'office. La réorganisation du procès de production et de distribution en la forme de 4 coordinations régionales (est, centre, ouest et sud), assistées par des commissions techniques en contact permanent avec les acteurs de la production et de la diffusion, a permis de dresser une carte de la distribution conforme aux réalités du pays et d'assurer un meilleur suivi. L'assistance assurée par la direction générale de l'office, le respect des engagements contractuels par les cocontractants de l'office (ENAG, SIA, ANEP et l'imprimerie officielle), l'aide apportée par le ministère de tutelle, le suivi régulier assuré par la SGP « Communication » et l'intérêt porté à l'opération par les walis et les directeurs d'éducation ont, à l'évidence, beaucoup contribué au succès de l'opération, a tenu à préciser Hassen Lagha, directeur général de l'ONPS. L'effort gigantesque entrepris par l'office ne va sans poser problème, notamment au plan financier. Il faut en effet savoir que contrairement aux éditeurs privés, dont la prestation est entièrement rétribuée dès lors que la production et la distribution objet du contrat est assurée, l'ONPS n'est payé qu'au prorata des manuels écoulés, ceux qui ne le sont pas étant condamnés à rejoindre le stock des invendus. Une pratique absurde qui génère de lourdes pertes à cet office qui a, rappelons-le, le statut d'établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) et est tenu de vivre de ses propres ressources. Le nantissement des contrats se faisant au moyen de produits des ventes et locations des manuels scolaires aux élèves, n'est pas fait pour arranger les choses tant les procédures sont lentes et hasardeuses, notamment quand il s'agit de location. Il s'agit d'une difficulté de taille qui risque d'entraîner l'office dans d'inextricables problèmes de déstructuration financière. Notons que l'édition et la distribution des manuels scolaires au titre de l'année 2004-2005 a presque exclusivement été réservée aux seules entreprises du secteur public. Cela constitue à l'évidence une régression par rapport à l'année passée où il avait été observé une participation autrement plus conséquente d'éditeurs privés, à l'instar de Chihab et de Casbah Edition, laissant augurer de l'émergence, à terme, d'opérateurs privés performants dans le segment du livre scolaire.