Il est implicitement recommandé aux élèves de ne pas reprendre les anciens livres afin d'éviter les anomalies constatées les années précédentes. L'Office national des publications scolaires (ONPS) a mis les bouchées doubles afin d'offrir suffisamment de manuels de bonne qualité. Àl'approche de la rentrée scolaire, le livre, principal outil de travail des enseignants, mais également des élèves, revient sur toutes les lèvres, notamment chez les parents qui s'inquiètent tant sur sa disponibilité que sur sa qualité. Le problème relatif à la disponibilité des livres se pose depuis plusieurs années, avec l'éternel leitmotiv en amont “disponibilité et qualité” et contestation des syndicats et associations des parents d'élèves “pénurie, spéculation et erreurs dans les contenus”. La situation crée un mouvement de panique et irrite parents, élèves et personnels éducatifs. Par la même occasion, le manque de livres dans les écoles favorise la spéculation, et le marché informel foisonne et se nourrit de cette pénurie. Pour faire face à cette situation, les autorités concernées ont mis en place un dispositif pour mieux accueillir la rentrée scolaire 2009-2010. C'est ainsi que l'Office national des publications scolaires (ONPS) a décidé de s'y prendre d'avance dans la production et la diffusion des manuels scolaires afin d'éviter toute éventuelle cacophonie. Pas de spéculation ni de marché informel Le directeur de l'ONPS ne nie pas que le livre scolaire connaît plusieurs problèmes et que cela dure depuis 20 ans. “Chaque rentrée, nous avons une rupture de stock des manuels solaires. Le problème est devenu récurrent à tel point, qu'à chaque année, les parents courent dans tous les sens pour procurer à leur progéniture les manuels avant qu'il n'y ait pénurie”, nous avoue Hamani Abdelfattah, directeur de l'ONPS. Selon notre interlocuteur, depuis l'année dernière, l'office a diagnostiqué deux problèmes. Le premier est inhérent à la pénurie de livres, le second est lié à la quantité de manuels pour répondre à l'équation de l'offre et la demande surtout avec la croissance continue du nombre de places pédagogiques, et cela depuis la note présidentielle qui rend la scolarisation des enfants obligatoire. L'ONPS a décidé de faire appel à des concurrents privés. Pour la seule année scolaire 2008/2009, l'office a produit 108% de la demande en manuels scolaires, soit près de 32 millions de livres. La rentrée écoulée, l'office a eu une surproduction, où le nombre de livres invendus a été estimé à 28 752 978 unités. Par ailleurs, pour la rentrée 2009-2010, le ministère de l'Education nationale a commandé 57 951 925 manuels et le nombre de livres produits a atteint 60 957 585 d'unités, soit 3 millions de livres supplémentaires entre les besoins et la production. Cela sans compter 203 257 livres à diffuser sur tout le territoire national. “Je suis sûr que cette année, il n'y aura pas de manque en matière de manuels scolaires. Le marché va être inondé et tous les élèves auront leurs livres!”, rassure notre interlocuteur qui ajoute : “Les parents n'ont pas de raisons de s'affoler au cas où leurs enfants n'ont pas immédiatement leurs livres à temps pour une raison ou une autre, il n'y aura ni spéculation, ni marché informel.” M. Hamani affirmera avec insistance que “pour preuve, le préscolaire avec ses deux manuels a besoin de 950 136 livres alors que nous avons produit 1117 766 d'unités ! Concernant le primaire, le ministère a demandé 24 510 661 unités et nous avons produit 25 405 532 manuels. Le cycle moyen, lui aussi, n'est pas en reste. Nous avons mis sur le marché 25 889 652 livres alors que la demande est estimée à 24 395 015 manuels. Pour ce qui est du secondaire, les besoins sont estimés à 8 086 113 unités et nous avons mis en vente 8 554 635 livres”. Confiant, ce responsable dit que son office est prêt pour cette rentrée scolaire, car tous les établissements scolaires ont reçu leur quota de manuels avant que l'année scolaire ne soit achevée. Selon lui, la disponibilité du manuel scolaire ne se posera plus et le problème de la diffusion a été totalement pris en charge. Ce problème est récurrent et cause souvent la confusion au sein des familles et des établissements scolaires. L'Office a décidé cette année de distribuer les livres avant la rentrée scolaire, comme il a été mis en place 53 centres de diffusion à travers toutes les wilayas et 8 centres régionaux. L'autre nouveauté de l'Office réside dans l'ouverture de 11 points de vente dans différentes wilayas et l'agrément de 468 librairies pour vendre ces manuels scolaires. Ces centres sont ouverts durant toute l'année. “Avec l'ouverture de ces centres, chaque wilaya possède un stock suffisant de réserve qui est au moins de 10%. De cette manière, chaque wilaya pourra répondre rapidement à la demande”, explique encore M. Hamani. De son côté, le directeur commercial de l'Office affirme que “si certains établissements scolaires ont un manque de livres, cela sera essentiellement dû au nombre de livres distribués par établissement, surtout que l'Algérie connaît des mouvements de la population chaque année. Certains établissements se trouveront en rupture de stock, mais sans causer une pénurie criante”. Baisse de 10% sur les prix du livre Depuis le début de la réforme du secteur de l'éducation en 2003, des erreurs ont été relevées dans plusieurs chapitres de livres, un critère qui a influé sur la qualité de l'enseignement, mais qui a eu également des répercussions directes sur les résultats des examens et le niveau des élèves. On citera, entre autres, le passage de l'hymne national supprimé dans les livres de lecture et la carte géographique de l'Algérie, entourée de tous les pays riverains, sauf le Sahara Occidental. Là aussi, le directeur de l'ONPS a assuré que toutes les erreurs ont été corrigées par l'Institut national de la recherche en éducation (INRE). “L'année dernière, des coquilles ont glissé dans 117 livres et l'INRE les a toutes prises en charge et corrigées. Cette année, les livres ne contiennent plus d'erreurs. Au cas où des élèves ont des livres qui contiennent encore quelques anomalies, ce sont des manuels hérités d'élèves qui les avaient déjà utilisés auparavant”, indique M. Hamani. Toutefois, notre interlocuteur recommande aux élèves de ne pas reprendre ces anciens livres afin de ne pas subir le passif. En outre, l'ONPS annonce que cette année il y aura une baisse sensible de 10% sur le prix des manuels scolaires. Cette décision est prise, d'une part, pour barrer la route au marché informel, et, d'autre part, aider les familles démunies. Cette nouvelle rentrée connaîtra, en revanche, la mise sur le marché du livre scolaire de 3 nouveaux manuels, à savoir deux livres de langue française pour la 5e année primaire et un livre de langue amazigh pour le cycle moyen. Bien que les livres soient au niveau de l'INRE pour homologation, le directeur de l'Office est confiant qu'ils seront prêts dès la prochaine rentrée scolaire. Devant ce dispositif mis en place par l'Office, avec autant de changements introduits cette année, le livre scolaire, sera non seulement disponible, mais d'excellente qualité. D. S.