Le président Abdelaziz Bouteflika a procédé hier à la nomination du général Layachi Grid en qualité de commandant de la Garde républicaine en remplacement du général-major Ali Jemai ainsi que la nomination du général Malek Necib en qualité de commandant des forces navales en remplacement du général Mohand-Tahar Yala, a indiqué un communiqué de la présidence de la République répercuté par l'APS. Ce mouvement dans l'organigramme des forces armées semble s'accélérer depuis la nomination par Bouteflika du général à la retraite Abdelmalek Guenaïzia comme ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale en mai 2005. Certains avancent la thèse du rajeunissement des cadres de l'armée, une tendance qui semble aller dans le sens du chantier de la professionnalisation du corps et de la nouvelle donne de coopération internationale. Il y a une forte volonté politique d'aller vers plus de formation et de coopération. Nous le ressentons au rythme des stages et des manœuvres conjointes avec l'OTAN », a indiqué en juillet dernier un officier de retour d'un stage d'état-major aux Etats-Unis. En visite à l'Académie militaire interarmes de Cherchell en juillet 2005, Bouteflika avait insisté sur le renforcement des matières technologiques. L'Algérie est engagée dans des processus de coopération avec l'OTAN et les pays euroméditerranéens pour consolider les projets de sécurité dans la région et au-delà, par exemple vers le sud, et elle est impliquée dans l'initiative de sécurité au Sahel pilotée par les forces américaines notamment. Le souci de la modernisation semble donc réel et répond à une conjoncture bien précise. Le concept même d'armée nationale cantonnée dans des missions territorialement prédéfinies s'effondre. Mais la thèse du rajeunissement ne semble pas tenir longtemps devant certains indices. L'actuel chef d'état-major, le général-major Gaïd Salah, 70 ans, a remplacé en août 2004 le général de corps d'armée Mohamed Lamari, 56 ans. A l'armée, la tête de commandement doit toujours donner l'exemple. Sauf si on croise cette lecture de la pyramide des âges et des générations par une autre ligne de force. « Bouteflika retient automatiquement deux critères : confiance et compétence, l'un ne va pas sans l'autre », atteste un connaisseur de la maison militaire. A noter, par exemple, que certains hauts gradés n'ont jamais été concernés par les derniers mouvements dans la hiérarchie de l'ANP. On pense au général-major Mohamed Mediène, patron du Département de renseignement et de sécurité (DRS, ancienne Sécurité militaire), en poste depuis septembre 1990, et à son adjoint, le général-major Smaïl Lamari, directeur de la Direction du contre-espionnage. A noter également le maintien du général-major Ahmed Boustila, commandant de la Gendarmerie nationale, réputé proche du chef de l'Etat. Au croisement des lectures générationnelle, technique et politique, on retrouve un homme : Abdelaziz Bouteflika, l'homme qui ne voulait pas paraître « un trois-quart de Président ». Refusant de lâcher le poste de ministre de la Défense depuis son premier mandat, le chef de l'Etat semble toujours poussé vers l'affirmation d'une emprise complète sur l'ANP, matrice mythique du pouvoir dans les systèmes politiques en mal de légitimité. La seule donne du maintien de l'état d'urgence, qui favorise l'autorité militaire et exécutive aux dépens de l'autorité élue, démontre cette fixation. Les responsables militaires et, plus généralement, les opérationnels des services de sécurité ont affirmé à maintes fois que l'état d'urgence ne représentait plus une nécessité.