Pour la seconde fois depuis sa réélection à la présidence de la République, Abdelaziz Bouteflika réunira, dimanche prochain, les cadres de la nation au Palais des nations, à Alger. Le premier magistrat du pays est attendu sur deux principales questions : la réconciliation nationale, pierre angulaire de son programme pour le second mandat, et le fameux « plan Marshall » des 55 milliards de dollars destinés à la consolidation du plan de relance économique. Mais la première question devrait dominer la seconde en raison de la conjoncture politique nationale et internationale marquée par une recrudescence du terrorisme islamiste et l'assassinat de deux diplomates algériens par la branche d'Al Qaîda en Irak. Après cet ignoble assassinat, les sanglants attentats de Londres et les menaces terroristes qui pèsent sur le monde, de nombreux observateurs estiment en effet qu'il est « difficile » de parler d'amnistie. Le chef de l'Etat, qui a déjà déclaré le 24 février dernier que le projet d'amnistie générale n'était pas de son ressort, devrait donner, à la faveur de ce regroupement des cadres de la nation, les contours de son projet de réconciliation nationale qui demeurent, rappelle-t-on, indéfinis. Le premier magistrat du pays paraît plus que jamais appelé à s'exprimer sur la place qu'il compte accorder à l'amnistie générale qui est présentée comme une étape dans la concrétisation du projet de réconciliation nationale. Mais il est clair que les choses ont beaucoup changé depuis que le locataire du palais d'El Mouradia a annoncé, en octobre 2004, son intention de consulter le peuple sur le projet d'amnistie générale. Les bouleversements sécuritaires qui ont secoué ces derniers mois l'allié numéro un des Etats-Unis, à savoir la Grande-Bretagne, semblaient avoir brouillé les cartes de la réconciliation. En tout cas, le Président Bouteflika n'a pas abordé, lors de ses dernières sorties publiques, la question avec le même ton qu'auparavant. Ce changement pourrait, bien entendu, être tactique à même de scruter les tréfonds de l'opinion nationale, après avoir lancé des ballons-sondes et actionné ses relais sur le terrain. Nombre d'observateurs de la scène politique ont même parlé d'une éventuelle mise en veilleuse de ce projet en attendant que les choses s'éclaircissent davantage. D'autres ont évoqué des pressions étrangères qui risquent de contraindre le Président à revoir son projet. En toute vraisemblance, il y a suffisamment d'arguments qui remettent en cause toute idée de réconciliation sans l'éradication du terrorisme. D'abord, les attentats qui se poursuivent par-ci par-là contre des convois de l'armée. Ensuite, les dangers que représentent aujourd'hui les repentis qui se recyclent dans la criminalité. Les puissances occidentales, en premier lieu les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, ne semblent pas accueillir avec joie l'idée d'amnistie générale, elles qui s'en vont en guerre contre le terrorisme. Les critiques et réserves des ONG internationales sur la question de l'amnistie générale se conjuguant au refus manifeste des victimes du terrorisme de pardonner si facilement ont fait qu'aujourd'hui il est plus que nécessaire que l'auteur de l'initiative explique davantage et livre à l'opinion publique nationale et internationale l'objectif assigné à son projet. Rien que pour cela, la rencontre de dimanche revêtira une importance particulière. Outre la réconciliation nationale, le président de la République devrait aussi revenir sur l'état d'avancement des réformes engagées dans l'ensemble des secteurs d'activité. Le gros sera la réforme bancaire sur laquelle il était intransigeant et exigeant lors de sa première sortie du genre en avril 2005. En constatant les retards accusés dans la réforme bancaire, le Président avait exhorté les dirigeants des banques d'accélérer la réforme bancaire pour offrir à l'économie un cadre propice à la croissance et à l'investissement.