Le président de la République fait de ces deux concepts la pierre angulaire de son programme politique. Le chef de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika, qui affectionne les tribunes et accorde une grande importance aux événements a mis à profit la Journée des droits de l'Homme pour réitérer sa détermination à concrétiser la réconciliation nationale dont le but est de panser les plaies d'une société meurtrie par une décennie de terrorisme. La démarche de Bouteflika tend à sceller deux concepts complémentaires. Pour le président de la République, l'un ne va pas sans l'autre. Le premier magistrat du pays, estimant dans un message à l'occasion du 56e anniversaire de la déclaration des droits de l'Homme, que l'avenir des droits de l'Homme en Algérie «est tributaire de l'amélioration de la situation sécuritaire» compte ne ménager «aucun effort pour la réconciliation entre les Algériens» pour laquelle il a déclaré: «Je continuerai d'oeuvrer, sans relâche, jusqu'à sa concrétisation totale.» Dans ce contexte entre droits de l'Homme et réconciliation nationale, le chef de l'Etat entend faire jonction. Sa démarche à la tête de l'Etat, notamment depuis sa réélection le 8 avril dernier, tend à sceller deux concepts que certains politiques et associations n'hésitent pas à opposer en décriant le respect des droits de l'Homme en Algérie. Le président de la République, dans son message a mis en évidence ces deux thèmes qui constituent la pierre angulaire de sa politique tant intérieure qu'internationale. Le message du président est clair. Il ne suffit pas de faire de la réconciliation nationale une priorité dans le programme du gouvernement, «la classe politique, la société civile et la presse» doivent mettre au rang de leurs priorités ce concept réconciliateur qui devrait permettre à l'Algérie de se mettre au rang des nations civilisées et développées. En bref, la réconciliation ne se déclare pas et s'acquiert mais se construit. Pour Abdelaziz Bouteflika, «les droits de l'Homme sont avant tout une culture, ils sont ensuite une pratique» et à ce double titre «ils impliquent la société dans son ensemble et l'interpellent». La célébration de cette journée universelle a été également une occasion pour le chef de l'Etat de souligner que l'Algérie a toujours fait sienne la charte des droits de l'Homme en rappelant que la lutte de Libération «s'est faite sur le thème essentiel des droits et libertés et parmi ces droits le droit d'un peuple à disposer de son devenir». En considérant l'amélioration de la situation sécuritaire comme condition au respect des droits de l'Homme, le chef de l'Etat tend à tempérer les craintes et les inquiétudes exprimées çà et là quant aux «atteintes» aux droits de l'Homme en Algérie. La réconciliation nationale n'est pas incompatible avec le respect des droits de l'Homme, semble dire le chef de l'Etat. Au niveau du microsome politique national, l'interprétation des faits de ces derniers temps laisse véhiculer l'idée de l'adoption de l'amnistie générale par voie de référendum lancée par le président Bouteflika en novembre dernier. D'ailleurs certaines sources affirment que le chef de l'Etat entamera au second semestre une tournée dans le pays pour défendre ce projet d'amnistie. Néanmoins une frange de la société s'est élevée contre ce concept défendu bec et ongles par Bouteflika. Là ou le bât blesse pour les anti-réconciliation, c'est que le retour des amnistiés au pays signifie leur possible retour au pouvoir, et donc possibilité d'une instabilité politique. Après la crise que le pays a traversée, cette perspective n'est sûrement pas celle que le commun des Algériens souhaiterait. Bref, pour ceux qui prônent aussi bien la réconciliation nationale que la loi d'amnistie, la manoeuvre ne sera pas facile, à moins qu'ils ne soient réellement prêts à affronter la réaction de la population. Même si les Algériens ont une grande notion du «pardon», il y a des événements, surtout si récents, qu'ils ne sont sûrement pas encore prêts à effacer. Se réconcilier, c'est aussi se respecter les uns les autres et grandir dans l'estime d'autrui.