L'enthousiasme est rafraîchissant, débordant comme la joie de ces milliers d'enivrés des reflets d'une eau qui vous renvoie dans l'imagerie tropicale, transportés par la pureté naturelle du site et sa virginité. Pour les habitants de la commune de Taskriout dans la wilaya de Béjaïa et de toute la région, les chutes de Kefrida, bien qu'elles ne soient hautes que d'une cinquantaine de mètres, sont les plus belles au monde. Et tant pis pour l'apparence « chauvine ». Rien à voir avec les impressionnantes cataractes du Niagara ou encore du plus large front de chute au monde du Victoria, en Zambie. A Kefrida, l'endroit est tout plaisant et l'eau vivante, et il y a une histoire d'amour. Le site touristique est un pôle d'attraction pour des milliers d'estivants qui viennent se tremper dans l'eau de la cascade et faire le plein de plaisir. Le véhicule garé dans l'aire de stationnement d'en bas, une petite marche vous fera attiser l'envie et sentir que Dame Nature vous engage dans une sorte de cache-cache. On se laisse entraîner volontiers. La cascade se refuse à apparaître sans se faire désirer. C'est au détour d'un chemin qui monte que l'on s'extasie à la découverte du site. L'endroit est ambiancé et grouille de monde. Pour les nouveaux visiteurs à la sensibilité romanesque, le cœur devra battre la chamade en s'en approchant davantage. Il faut d'abord s'engager sur des chemins étroits bordés de petits commerces. Ici, on vend tout ce qui peut être consommé : de la glace jusqu'aux figues de Barbarie en passant par les m'hadjeb. Sous des abris de roseaux et sur des étals sont disposés de petits objets de fantaisie, de poterie et de souvenir, des appareils de photos jetables, des boissons rafraîchissantes,... Tout se vend et s'achète. Pour les prix, on se frotte bien les mains, et nos petits commerçants doivent boire à chaque fin de saison, à la santé de la Foire de Kefrida. Comme trinqueraient les visiteurs enchantés malgré tout. Juché là-haut et flirtant presque avec l'eau cascadée, ce petit endroit est convoité. C'est là qu'on vient se prendre en photo, la cascade en arrière-plan. Le plaisir des gouttelettes qui vous chatouillent le corps est au quatre coins du site. Au bas de la cascade, il y a mieux que les embruns. A l'ombre d'un arbre ou au-dessous d'une roche, on vient en famille passer des moments en contact avec l'eau fraîche et cristalline. Les pieds dans l'eau, on se laisse à la contemplation, l'admiration et à des brins de causette au moment où des cris d'allégresse emplissent les alentours immédiats des chutes. C'est le jeu des plongeons. Un spectacle, non sans risques pour les jeunes impétueux, à travers lequel on s'amuse aux grands sauts pour son propre plaisir et aussi pour impressionner la galerie. Les chutes de Kefrida, qui serait la composition de deux noms romains Aqua et Frigida (eau glacée) et du nom aussi d'un village limitrophe, sont uniques en Algérie de par leur beauté brute. Un tableau peint en couleurs tout aussi naturelles que l'écrin, une montagne de la chaîne des Babors, qui le garde comme un trésor qui subjugue. Une richesse touristique à valoriser davantage.