La conférence des cadres de la nation qui se tiendra aujourd'hui, sous la présidence du chef de l'Etat, suscite beaucoup d'intérêt chez le Parti des travailleurs (PT). C'est du moins ce qu'a déclaré, hier, la porte- parole de ce parti, Louisa Hanoune, dans son allocution d'ouverture de la première université d'été du PT, dont les travaux ont été lancés à l'Institut des arts dramatiques de Bordj El Kiffan (Alger). « Nous allons suivre cette rencontre attentivement, car beaucoup de choses importantes y seront dites », a déclaré Louisa Hanoune. La conférencière approuve « le projet présidentiel tendant à l'instauration de la paix ». « Ceux qui ne sont pas pour la paix, ce sont ceux qui ont tiré profit durant la période de guerre », affirme-t-elle. Mais la patronne du PT n'est pas pour n'importe quelle paix. Elle a une conception particulière de ce concept. « La paix, c'est aussi le pain », a-t-elle précisé. Sa définition se résume, en fait, en « des salaires stables, des emplois permanents et des droits socioprofessionnels des travailleurs garantis ». Toutefois, en dressant un tableau noir de la réalité du pays, Louisa Hanoune dira qu'elle a peur de toutes les réformes engagées. « Nous avons, aujourd'hui, peur de tout ce qui est réforme », souligne-t-elle. Pour elle, « tout est imposé par les Américains, et tout est inscrit dans leur projet du Grand Moyen-Orient (GMO) ». Selon elle, le mouvement des archs, qu'elle a qualifié auparavant d'« archaïsme », « est un mouvement préfabriqué et imposé par les Américains dans le but d'installer le régionalisme dans le pays ». « Il est considéré au même titre que les ONG internationales et veut se substituer aux partis politiques et aux syndicats des travailleurs dans l'intention de diviser le peuple », a-t-elle estimé. Selon Mme Hanoune, même les élections partielles, prévues prochainement dans la région de Kabylie et auxquelles le PT a annoncé sa participation, « obéissent à des pressions étrangères ». « On n'était pas contre le dialogue, mais les archs ne représentent pas le mouvement citoyen de Kabylie », a-t-elle ajouté. La première femme du PT a critiqué également le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, et la loi sur les hydrocarbures. « Chakib Khelil est pressé d'en finir avec le pays. Il veut privatiser Sonatrach en procédant à la filialisation de l'IAP et de Tassili Airlines », a-t-elle souligné. L'autre réforme ciblée par Mme Hanoune est celle de l'enseignement supérieur. Le système LMD (licence, master, doctorat), selon elle, « brisera la valeur des diplômes nationaux ». « C'est un système qui a échoué même en France. Je ne comprends pas pourquoi on s'obstine à l'appliquer chez nous », s'est-elle interrogée. Suivant sa logique d'altermondialiste, l'oratrice est revenue sur l'assassinat, en juillet dernier à Baghdad, des deux diplomates algériens. « On ne doit pas clore ce dossier sans connaître pourquoi on les a assassinés », a-t-elle lancé. Une question à laquelle elle répondu, juste après. « Cet assassinat vise à la fois l'Algérie et la résistance irakienne. Il s'inscrit dans la même logique occidentale de lutte contre le terrorisme. Une logique visant à forcer les pays arabes à cautionner les projets américains », a-t-elle jugé. Même cette lutte internationale contre le terrorisme est, a-t-elle jugé, un alibi pour la répression des populations. La candidate malheureuse à l'élection présidentielle d'avril 2004 a affiché, de surcroît, son opposition au projet de microcrédits et l'emploi des jeunes en estimant que « ce sont de fausses solutions à de véritables problèmes ». Ainsi, elle a appelé à une mobilisation nationale contre toutes les lois votées par le Parlement, en prônant le retour « au système idéal », le socialisme.