C'est aujourd'hui, avec les premiers affrontements entre soldats israéliens et colons juifs à Neve Dekalim, la plus importante colonie du groupe de Ghoush Gatif, au sud de la bande de Ghaza, qu'a effectivement commencé le retrait israélien de la bande de Ghaza. Comme il était prévu, même quelques heures avant la fin de l'ultimatum adressé aux colons, qui prenait fin hier à minuit heure locale, quelques affrontements ont été notés entre ceux qui avaient décidé de ne pas quitter les lieux, aidés par des extrémistes de la droite israélienne opposés au plan de Sharon, et les soldats israéliens chargés de les évacuer. Hier, tôt dans la matinée, des forces de la police israélienne ont dû utiliser un bulldozer afin d'abattre une grille à l'arrière de la colonie. La police, qui n'a rencontré aucune résistance, a aussi utilisé des pinces coupantes et des scies à métaux pour briser les cadenas placés sur le portail principal de la colonie par des opposants à son évacuation. Mais en milieu de matinée, policiers et opposants se sont affrontés à coups-de-poing alors que près de 150 jeunes formaient une chaîne humaine dans la rue principale de la colonie pour tenter d'empêcher le passage des camions prévus pour les déménagements de colons prêts à partir de leur plein gré. Quelque 500 extrémistes juifs qui essayaient de rejoindre Ghoush Gatif ont été arrêtés par la police israélienne près du terminal de Kissoufim, entre Israël et la bande de Ghaza. « Des centaines de personnes ont essayé de s'infiltrer dans le Ghoush Gatif de façon irresponsable et nous avons été obligés de les en empêcher (...) Certains responsables de Yesha (le conseil des colons de Cisjordanie et de Ghaza) ont été interpellés pour interrogatoire », a indiqué à la radio Ouri Bar-Lev, commandant de police du district sud. Selon la radio israélienne, ces responsables sont notamment Pinhas Wallerstein, Zwiki Bar-Haï, Zeev Hever et Bentzi Lieberman, président de Yesha. La radio a précisé que selon les estimations de l'armée hier matin, plus de 50% des colons de la bande de Ghaza étaient prêts à quitter volontairement la région. « Nous pensons que de 200 à 300 colons de la région vont partir volontairement ce mardi (hier, ndlr) Après minuit (21 h GMT), nous évacuerons par la contrainte ceux qui ne seront pas partis », a pour sa part déclaré à la radio le général Guy Tsur, commandant du quartier général de la région militaire sud d'Israël. Le Premier ministre israélien Ariel Sharon, considéré avant son plan de retrait des 21 colonies de la bande de Ghaza et de 4 autres isolées dans la région de Djenine en Cisjordanie occupée comme le père spirituel des colons, a essayé de s'expliquer dans un discours prononcé dans la soirée de lundi à la télévision israélienne. « Nous ne pouvons pas nous maintenir éternellement à Ghaza », a-t-il dit. « Ce plan sera bon pour Israël quel que soit l'avenir. Nous réduirons les frictions quotidiennes et les victimes de chaque côté. L'armée israélienne se redéploiera le long d'une ligne de défense derrière la barrière de sécurité. » Le mouvement radical palestinien Hamas, qui affirme que le retrait israélien a été le fruit de la résistance armée, insinuant celle menée par les brigades Ezzeddine Al Qassam, sa branche militaire, n'arrête pas ses appels en direction des citoyens de fêter cette « grande victoire ». Près de 4000 personnes, dont des hommes armés, ont manifesté à Khan Younès, une ville du sud de la bande de Ghaza, proche de la colonie de Neve Dekalim. Sharon, qui veut ponctuer son départ de Ghaza par une guerre civile entre l'Autorité palestinienne et les mouvements palestiniens armés, le Hamas surtout, a affirmé qu'il n'y aura pas de poursuite du processus de paix tant que l'Autorité palestinienne n'aura pas démantelé ses mouvements armés. Quand on sait que ces derniers ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de déposer les armes, on ne peut qu'avoir peur pour le front intérieur palestinien. Tomberont-ils dans le piège de Sharon ? L'avenir proche nous le dira.