Le président de la République sera aujourd'hui à Skikda pour une visite qu'on annonce déjà comme historique. Selon le projet de programme établi par les services de la Présidence, Bouteflika consacrera l'ensemble de la matinée à la commémoration du soulèvement du 20 Août 1955. Il aura à se recueillir, à trois reprises, à la mémoire des martyrs. Il se rendra au stade du 20 Août 1955 et à la place des Martyrs, deux hauts lieux des soulèvements du 20 Août, pour déposer des gerbes de fleurs et observer une minute de silence. La connotation historique qui imprégnera la visite du Président sera également présente dans d'autres haltes du cortège présidentiel. D'abord, lors de la baptisation tant attendue de l'université de Skikda, qui sera désormais dénommée université du 20 Août 1955, et ensuite lors de la pose de la première pierre du complexe historique de Skikda. Deux actions qui auront certainement à conforter Skikda dans sa vocation de ville historique. Pour parachever son déplacement, le Président assistera également à l'ouverture d'un colloque sur le soulèvement du 20 Août 1955. Il aura également à prononcer un discours devant les participants. Cela pour l'essentiel. Il reste cependant à mentionner que la venue du Président à Skikda, en dépit de son cachet exclusivement commémoratif et historique, intervient dans une conjoncture spéciale. D'abord, la commémoration des massacres du 20 Août 1955 devrait certainement remuer les consciences et renvoyer les mémoires aux exactions du colonialisme. Celui-là même qu'on tente, de l'autre côté de la Méditerranée, de présenter comme un « bienfaiteur ». Le président Bouteflika avait eu l'occasion, lors de son discours à Tlemcen, d'évoquer la « cécité mentale » suite à la promulgation de la loi française du 23 février qui glorifie froidement un certain « rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ». Les mots prononcés alors par le président de la République, qui avait signifié clairement ce qu'il en pensait, avaient jeté un pavé dans la mare d'une France encore malade de son passé. On a même entendu des députés crier et réclamer des excuses de la part du Président algérien. Bouteflika sera donc demain dans une ville qui a été très meurtrie. Plus de 12 000 Algériens avaient été « liquidés » en moins de quatre jours par l'armée coloniale. Les charniers et les fosses communes sont encore là pour en témoigner. Le discours de Bouteflika est très attendu et ne devrait pas omettre de rendre hommage à ces martyrs. Par ailleurs, la venue de Bouteflika à Skikda intervient, faut-il le mentionner, quelques jours seulement après l'annonce faite au sujet du référendum sur la réconciliation nationale. C'est là aussi un sujet qui devrait permettre au Président de revenir sur la question.