Les autorités de la République arabe sahraouie démocratique ont fait un beau geste à caractère humanitaire en libérant plus de 400 militaires marocains faits prisonniers depuis l'invasion du Sahara-Occidental par le Maroc. La décision a été prise depuis longtemps, mais elle a été concrétisée à la suite d'une démarche américaine. Ce n'est pas la première fois que le Front Polisario a pratiqué la politique de la main tendue à Rabat dans l'espoir de parvenir à la paix. Il a déjà libéré des centaines de prisonniers des FAR et a fait de nombreuses concessions aux Marocains depuis l'instauration d'un cessez-le-feu en 1991, et ce, pour inciter la monarchie alaouite à se plier enfin à la légalité internationale en acceptant l'organisation d'un référendum d'autodétermination. En intervenant pour accélérer l'élargissement des prisonniers, les Etats-Unis ont-ils fait des promesses comme par exemple exercer des pressions sur le Maroc pour l'obliger à accepter les résolutions de l'ONU ? Washington s'est toujours montré attaché au respect du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et les responsables du Front Polisario sont toujours bien accueillis au département d'Etat. Malheureusement, en face, c'est toujours la mauvaise foi qui domine. Le Maroc est le 2e pays au monde, après Israël, qui viole le plus les résolutions du Conseil de sécurité. Il n'a même pas répondu par la réciprocité en libérant les civils sahraouis qui avaient manifesté récemment à El Ayoun et pousse même l'outrecuidance jusqu'à attaquer l'Algérie pour de prétendus « faits et manquements qui se sont produits sur son territoire », au lieu de la remercier. Cela, bien entendu, ne fera jamais avancer la cause de la paix. Les Marocains continuent à se mentir à eux-mêmes en disant que le conflit du Sahara-Occidental oppose l'Algérie au Maroc alors que le monde entier connaît les belligérants. Une attitude négative et inefficace qui ne fera guère avancer les choses. Les Marocains vivent sur un nuage et n'arrivent pas encore à comprendre qu'ils sont les seuls perdants dans cette affaire.