Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Mohammed Abdelaziz, en visite diplomatique en Espagne, a fait part, hier, au quotidien français Le Monde, de la décision des autorités sahraouies de libérer « le plus vite possible » des prisonniers marocains. « Nous avons décidé de régler le plus vite possible le problème des prisonniers marocains que nous détenons encore. Il faut en finir, agir dans le sens de leur libération. Nous allons informer le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et régler avec lui les détails techniques de leur libération », a confié à ce journal le secrétaire général du Front Polisario. Une libération qui concernera au total 408 prisonniers marocains, encore détenus dans les camps sahraouis, à Tindouf, dont certains s'y trouvent enfermés depuis plus de vingt ans. Le secrétaire général du Front Polisario reconnaît, toutefois, qu'une telle décision n'a pas été facile. « Comment la faire accepter à notre peuple alors que la justice marocaine a condamné à de très lourdes peines de prison de jeunes militants sahraouis dont le seul crime est d'avoir manifesté fin mai en faveur d'un référendum d'autodétermination pour le Sahara-Occidental ? », s'est-il interrogé. M. Abdelaziz fait certainement allusion aux jugements sévères, prononcés, mardi dernier, par un tribunal marocain à l'encontre de jeunes Sahraouis ayant participé aux manifestations pacifiques qui se sont déroulées dans les villes des territoires occupés du Sahara-Occidental, à El Ayoun et Dakhla notamment, fin mai et début juin derniers. Le 29 juin dernier, pour des faits identiques, des peines allant jusqu'à vingt ans de prison ferme avaient été prononcées contre des Sahraouis. Ainsi insistera-t-il sur le fait que « la libération des prisonniers marocains ne doit pas faire oublier que Rabat détient 150 Sahraouis prisonniers de guerre » et que « plus de 500 Sahraouis - 157 prisonniers, plus exactement, selon le Premier ministre de la RASD, Abdelkader Taleb Omar - sont toujours portés disparus ». Alors que le Front Polisario a libéré, grâce aux initiatives humanitaires unilatérales qu'il avait prises, depuis le début du plan de règlement ONU-OUA, suivant plusieurs vagues, environ 1800 prisonniers de guerre marocains. Quant au Maroc, il n'a libéré que 66 prisonniers du Front Polisario en une seule fois. Depuis, le Maroc n'a libéré aucun prisonnier sahraoui. Au contraire, il en remplit encore ses geôles ; en démontre, l'arrestation de 33 Sahraouis durant les manifestations des mois de mai et de juin derniers et l'emprisonnement de certains parmi eux à de lourdes peines. Par ailleurs, le président de la RASD a réitéré la poursuite des protestations avec « les moyens pacifiques » jusqu'à l'organisation d'un référendum d'autodétermination, l'indépendance et la libération des détenus sahraouis. Ajoutant que « si les autorités marocaines persistent à réprimer le mouvement, alors il leur faudra agrandir leurs prisons pour accueillir les Sahraouis ». Le président de la RASD a, en outre, qualifié de pure propagande les informations récentes de la presse marocaine faisant état de troubles dans les camps de réfugiés sahraouis. Il a également mis en garde à l'avance les pays européens contre une éventuelle inclusion des côtes du Sahara-Occidental, et ce, à la veille des négociations sur la pêche entre le Maroc et l'UE. « Si un accord de pêche laissait place à une quelconque interprétation, nous y verrions une déclaration de guerre », a-t-il affirme. « Les Européens doivent se souvenir que les Etats-Unis ont exclu le Sahara-Occidental de l'accord de libre-échange qu'ils ont conclu avec le Maroc. C'est une position sage », a-t-il conclu à ce sujet. Le Front Polisario a salué, par ailleurs, la décision de la société norvégienne Yara d'arrêter l'importation de phosphate du Sahara-Occidental, exploité par le Maroc.