Sous le titre « Menaces sur un traité », l'hebdomadaire l'Express d'hier cite un proche de Dominique de Villepin, Premier ministre, qui déclare, sous le couvert de l'anonymat, qu'« il ne paraît pas envisageable, aujourd'hui, de signer » le traité d'amitié entre l'Algérie et la France. Le responsable cité par le journal ne manquera pas, par la même occasion, de qualifier d'« erreur colossale » le texte écrit à l'initiative de députés UMP (droite modérée au pouvoir). « Ce n'est pas au Parlement de légiférer sur la mémoire, c'est au peuple et aux historiens de l'entretenir », précisera-t-il. Il s'agit, faut-il le rappeler, de la loi française du 23 février 2005 sur « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ». Réagissant à cette source anonyme, Paris s'est déclaré hier « confiant » quant à la signature de ce traité prévue avant la fin de l'année, démentant ainsi les informations publiées par l'Express. Les négociations en vue de la signature du traité d'amitié se poursuivent et nous sommes confiants dans leur aboutissement selon les délais prévus », a déclaré à la presse le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi. Ce traité qui sera signé avant la fin de l'année « résulte d'un nouveau climat (qui) prévaut entre la France et l'Algérie » depuis la visite d'Etat en France en juin 2000 du président Abdelaziz Bouteflika et celle du président Jacques Chirac en mars 2003, avait souligné par ailleurs le Quai d'Orsay dans une déclaration précédente. Pour le ministère français des Affaires étrangères, la Déclaration d'Alger, signée par les deux chefs d'Etat, constitue la « feuille de route » de la relance des relations bilatérales, dans tous les domaines : approfondissement du dialogue politique, soutien aux réformes, renforcement de la présence économique française en Algérie, amélioration des conditions de circulation des personnes, poursuite du travail de mémoire. « S'il est du droit de chaque nation de lire son histoire et de la communiquer à ses enfants, en allant dans le sens de sa vision, de ses intérêts et de ses objectifs, il est interdit à une nation d'interpréter l'histoire des autres nations. Il n'est pas de son droit de dénaturer la vérité et conclure des marchés suspects pour blanchir l'histoire des criminels et en faire des héros mythiques », s'est exclamé le président Bouteflika, samedi dernier à Skikda, à l'occasion de la commémoration du 20 Août 1955. « Est-il concevable qu'un peuple comme le nôtre, connu pour sa fierté et son orgueil, puisse sanctifier un passé colonial injuste et déformé », ajoutera-t-il. Fin juin dernier, M.Bouteflika avait déclaré à Tlemcen que la loi française du 23 février « représente une cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme ». De même que Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation avait qualifié de « précédent grave » cette loi et que Amar Saâdani, président de l'Assemblée populaire nationale (APN) avait jugé ce texte de « hautement dommageable » au traité d'amitié envisagé entre les deux pays. A rappeler que face à cette polémique, Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères avait prôné le 26 juillet dernier la création d'une commission d'historiens français et algériens pour évaluer la loi française sur le « rôle positif de la présence française ». « Il n'y aura jamais d'histoire officielle en France », a par ailleurs assuré M. Douste-Blazy, qui avait lui-même soutenu cette loi signée le 23 février. La loi sur le « rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord » porte « reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés ». Elle demande que les programmes scolaires français « reconnaissent (...) et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit ».